Le mouvement syndical passe par une phase très délicate. Le secrétaire général de l'Ugta s'est engagé hier à régler le problème du SG du Syndicat national des douanes (SND), M.Ahmed Badaoui, qui a été suspendu récemment de ses fonctions. «Je n'accepte pas l'anarchie au sein de l'Ugta, et évacuez cette histoire de coordination», a-t-il déclaré en s'adressant aux représentants du syndicat des douanes, réunis à la Maison du peuple. Il poursuivra: «Les problèmes des travailleurs ne se règlent pas de cette façon. Les portes de l'Ugta ont toujours été ouvertes et les responsables disponibles.» Par ces propos, Sidi-Saïd fait comprendre en quelque sorte que les insultes entre syndicalistes ne règlent en rien la situation. Il fait allusion aux accusations de Badaoui contre deux secrétaires nationaux de l'Ugta. «Arrêtons de parler dans le vide et je défie toute personne qui veut casser la Centrale syndicale.» L'un des représentants du SND indiquera de son côté que les membres sont toujours avec l'Ugta en écartant l'idée de créer un syndicat autonome. Sidi-Saïd a souligné en parallèle qu'il respecte l'action syndicale tout en reconnaissant que celle-ci passe actuellement par une phase très délicate. «Nous allons au 11e congrès qui est une étape très importante pour l'Ugta. Moralement je suis fatigué, mais cela ne veut pas dire que je dépose les armes ou je laisse tomber le combat syndical», a-t-il dit en s'interrogeant «qu'est ce que j'ai à gagner de casser telle ou telle fédération syndicale? Je me pose des questions autrement: qui veut casser l'autre?» Rappelons, que le syndicat national des douanes a décidé d'une grève pour le 5 décembre. Cette journée de protestation qui devait geler toutes les activités du port hier, n'a pas eu lieu, pour des raisons liées à l'implication du SG de l'Ugta, afin de régler le cas du responsable du syndicat national des douanes, démis de ses fonctions par une décision prise récemment par le directeur général des douanes, en l'occurrence Sid-Ali Lebib. Badaoui a déclaré dernièrement, que le DG des douanes cherche à casser le syndicat national de ce secteur, tout en lui lançant un défi pour un face-à-face sur la gestion des douanes depuis 5 ans. Il révélera que son syndicat a demandé un audit de la gestion des douanes, «surtout sur les affaires liées à la corruption, le blanchiment d'argent, la falsification et autres scandales», a-t-il indiqué, avant de soutenir que «deux secrétaires nationaux, de la Centrale syndicale, allusion faite à Djenouhat et Bouzidi, un ministre de la république qui est censé appliquer les lois sur les relations de travail, et à un nombre de sections syndicales qui sont derrière la décision de Sid-Ali Lebib». Par ailleurs, en s'adressant aux représentants de la Fédération nationale des travailleurs du commerce et du tourisme, Sidi- Saïd promettra qu'aucune privatisation ne sera effectuée sans le consentement des travailleurs. «Nous ne sommes pas contre la privatisation mais nous ferons face à tous ceux qui veulent privatiser sans consulter les partenaires sociaux», a-t-il déclaré en ajoutant que son syndicat est pour l'augmentation du Snmg, mais également contre les réformes qui sont contre les travailleurs. Il est donc clair qu'à quelques semaines de la tenue de son onzième congrès, l'Ugta est au centre d'une véritable tempête. Les retombées induites par le processus des privatisations, à savoir les licenciements massifs, l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs et la montée au créneau dans plusieurs secteurs d'activité de syndicats autonomes, plus représentatifs, sont les éléments d'une grogne sociale, dont les conséquences seront très fâcheuses.