«Les syndicats autonomes veulent bâtir une organisation sur les décombres de l'Ugta». Sans réserve aucune. En des termes durs à avaler. Salah Djenouhat, secrétaire national de l'Ugta, chargé de l'organique, assène un coup brutal contre les organisations syndicales autonomes. Le débat de l'émission En toute franchise de la Chaîne III de la Radio algérienne était censé tourner autour du «Pacte national économique et social», mais le débordement semblait inévitable. Le volet relatif à la situation socioprofessionnelle des travailleurs a suscité une véritable polémique. Interrogé sur le sentiment d'exclusion éprouvé par certains syndicats autonomes, Salah Djenouhat a réduit leur frustration à un «simple emportement d'une poignée de militants.» Il se contente, suivant ses propos, «de la reconnaissance des organisations et syndicats étrangers par rapport aux efforts consentis pour aboutir à la signature du pacte». C'est beaucoup «mieux que de se retrouver encombré, entre 5 ou 6 personnes, sans pouvoir avancer». Le chargé de l'organique à la Maison du peuple appelle à faire le «distinguo» entre «les libertés syndicales et les difficultés nées de l'action syndicale». De son côté, le vice-président de la Cgea (Confédération générale des entrepreneurs algériens), Sid Ali Abdelaoui, s'adressant aux journalistes, se dit «étonné» du fait que «l'on s'interroge encore sur quelque chose qui n'existe pas». Appelé à s'expliquer davantage, Salah Djenouhat enfonce encore le clou, affirmant que «les syndicats autonomes veulent bâtir une organisation sur les décombres de l'Ugta» ou encore, «se faire une place sur le dos de l'Ugta». De tels propos, qui tombent comme un coup de massue, risquent de séparer l'Ugta d'une bonne partie des travailleurs. Les hostilités sont ainsi ouvertes. Salah Djenouhat, un sérieux rival, qui espère succéder à l'actuel patron de l'Ugta, ne s'arrête pas à ce stade de la polémique. Piqué, semble-t-il, dans le vif, il laisse entendre encore que «l'Ugta est une grande maison, mais seulement il faut savoir ce qui est fréquentable et ce qui est infréquentable». Dur à avaler. Au-delà d'une guerre ouverte qui ne date pas d'aujourd'hui, Salah Djenouhat déclare que «les privatisations des entreprises publiques répondent à une conjoncture économique récente». Dans la foulée, il affirme ne pas être au courant du phénomène dit «cession des entreprises au dinar symbolique». Un fait dénoncé, d'ailleurs, par des milliers de salariés, mais surtout par des partis politiques, à commencer par le PT. Au sujet des salaires, Djenouhat dira que la loi et la législation garantiront que chacun des employés touchera désormais un Snmg à 12.000, en référence aux recommandations de la dernière tripartite. Concrètement, quand le Snmg était à 8000DA et/ou 10.000DA, des travailleurs touchaient moins de 8000DA et sans la moindre protection sociale. La question est de savoir si cette nouvelle sentence d'un Snmg à 12.000DA prendrait les allures des précédentes décisions? Une politique salariale à long terme s'impose. Les deux organisations patronales Cap et Cnpa, dirigées respectivement par Boualem M'Rakach et Mohand-Saïd Naït Abdelaziz accordent leurs violons et approuvent cette réalité. «Sans une politique salariale à long terme, le Snmg à 10.000 dinars ou à 12.000 relève toujours du ridicule», conclut le président de la Cnpa, lors de la même émission radiophonique. La problématique salariale n'est pas encore réglée.