La jeunesse algérienne éduquée pour croire, ne dispose d'aucun repéres pour savoir. La polémique provoquée par l'ancien président Ahmed Ben Bella à propos de Abane Ramdane et de Mohammed Khider repose avec acuité l'enseignement de l'histoire de l'Algérie et singulièrement celle du mouvement national manipulé, et de l'histoire de la Guerre de libération nationale politisée à outrance jusqu'à la caricature. Invité à réagir, le ministre des Moudjahidine Mohammed Chérif Abbas, ancien secrétaire général de l'ONM, a préféré se dérober renvoyant ses interlocuteurs à une circulaire affichée aux calendes grecques, alors que le rôle premier d'un homme politique, sinon pourquoi être ministre?, - et de surcroît occupant sa position -était de contrer toutes les attaques portées contre le patrimoine de la Révolution nationale. En tout état de cause, les déclarations de Ben Bella appelaient, sinon à une condamnation, du moins à s'en démarquer. A retardement, et après des décennies de silence, Bentobbal vient à son tour enfoncer le clou, dans un aveu qui veut justifier, a posteriori, cet assassinat politique d'Abane Ramdane. Cette avalanche d'attaques contre une période charnière de la construction de l'indépendance du pays ne change rien à la donne qui demeure la mise sous séquestre de la question du mouvement national, en particulier, de l'Histoire nationale plus généralement. Car, des dizaines de milliers d'Algériens auraient-ils donné leur vie au seul bénéfice d'une nomenklatura qui règne sans partage, détenant un pouvoir absolu, sur le pays? La remise en cause par Ben Bella du congrès de la Soummam interpelle, outre les historiens, appelés à contribuer plus activement à la connaissance de cette période clé de l'histoire du pays, mais également les acteurs de la Révolution, encore vivants, à témoigner pour éclaircir les zones d'ombre du mouvement national algérien.