Ils sont environ une quarantaine de délégués des ârchs à être poursuivis par la justice algérienne. Alors que certains sont depuis plusieurs mois en détention préventive, d'autres sont placés sous contrôle judiciaire. Au-delà de la lourdeur des chefs d'inculpation retenus à leur encontre et la lenteur qui caractérise le traitement de leurs dossiers, il y a lieu de s'interroger sur le manque d'intérêt dont ils souffrent présentement. En effet, contrairement à la première vague d'interpellations connue au début de l'année, et qui avait constitué l'élément mobilisateur, celle qui a eu lieu ces derniers mois ne semble guère préoccupante, du moins au sein de l'opinion. Sinon comment expliquer cette défection populaire qui touche pratiquement toutes les actions initiées en faveur des détenus. «La répression des pouvoirs» ne peut, à elle seule, expliquer cette situation de repli. D'autres éléments y sont pour beaucoup. Pour l'homme de la rue «les détenus doivent, certes, être soutenus mais pas seulement avec des actions de rue». Cette remarque relevée à plusieurs reprises chez le simple citoyen, explique largement ce besoin, qui se fait de plus en plus pressant, d'aller vers des perspectives plus porteuses. La persistance dans une démarche qui a montré ses limites sur le terrain est fortement rejetée par la base citoyenne. Ce rejet se manifeste par une absence de participation à la moindre action de rue. Mais alors que faire pour parvenir à libérer les détenus, dont certains (détenus de Tizi Ouzou) sont à leur 21e jour de grève de la faim? Telle est la question qui domine présentement les débats publics. Si majoritairement on est convaincu de la nécessité d'opter pour une nouvelle démarche, il reste, cependant, quelques réticences qui subsistent encore et qui bloquent toute initiative allant dans le sens d'un règlement rapide de la question aussi bien de l'élargissement de détenus que celle liée à l'aboutissement des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. D'ores et déjà d'autres initiatives voient le jour en ce moment. On citera la pétition initiée par une tendance appelant l'opinion nationale et internationale à intervenir en faveur des détenus et cette volonté qu'affichent certains délégués de prendre langue avec la présidence. Si toutes ces initiatives tendent toutes, vers le même objectif, il est en revanche important de souligner que la deuxième reste la plus efficace, car non seulement elle permettrait d'aboutir à l'élargissement des détenus, mais aussi à instaurer un dialogue qui demeure le souhait de la majorité silencieuse. Cette démarche de longue haleine demande beaucoup de temps, estiment en aparté ses initiateurs qui expliquent: «On ne peut pas aussi facilement passer d'une intransigeance de plusieurs mois, qui ne peut durer indéfiniment, à une position favorable au dialogue.» Le travail entrepris par les émissaires du pouvoir et les tentatives de certains délégués ne manqueront pas de porter leurs fruits sous peu, avancent les observateurs.