L'Algérie continue d'aligner les mauvaises appréciations en matière de transparence dans la gestion de ses affaires économiques. Transparency International la classe à la 92e place, avec une note de 3,2/10 sur un total de 180 pays. Dans Dans son Indice de perception de la corruption (IPC) 2008 rendu public, hier, Transparency International vient d'épingler notre pays qui réalise de mauvaises performances depuis son entrée, en 2003, dans le classement de cet ONG. Sur les 180 pays concernés par le rapport, l'Algérie est classée au 92e rang avec une note de 3,2 sur 10. Si elle a devancé la Libye (126e et une note de 2,6) et l'Egypte (115e et une note de 2,8), l'Algérie est classée derrière la Tunisie (62e et une note de 4,4) et le Maroc (80e et une note de 3,5). Sur les 18 pays arabes concernés par l'IPC, l'Algérie vient en 10e position. “L'Indice de perception de la corruption 2008 de Transparency International montre un paysage très contrasté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où 13 pays ont une note inférieure à 5, ce qui traduit un grave problème de corruption, et seulement 5 pays obtiennent une note supérieure à 5”, souligne le rapport de Transparency. Aux premières loges des pays les moins corrompus au monde, on retrouve le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Suède qui obtiennent la note la plus élevée (9,3). Haïti (1,4), l'Irak et Myanmar (1,4) et la Somalie (1) occupent, quant à eux, le bas du classement. Certains pays développés comme le Royaume-Uni et la France ont vu leurs notes baisser par rapport à celles des années précédentes à cause de plusieurs affaires de corruption qui les ont éclaboussés. Comme c'est le cas lors des précédents rapports de cette ONG, ce sont les pays pauvres qui ferment la marche. “Une preuve supplémentaire du cercle vicieux liant pauvreté, faillite des institutions et corruption”, remarque Transparency. Pour revenir à l'Algérie, elle a enregistré une légère avancée par rapport à 2007 (99e place avec une note de 3) alors qu'en 2006 elle était à la 84e place avec une note de 3,1. Avec des notes aussi mauvaises, il ressort clairement que le phénomène de la corruption a pris des proportions inquiétantes en Algérie. Question : pourquoi l'Algérie est toujours si mal lotie dans le classement de Transparency alors qu'en février 2006 elle s'est dotée d'une loi portant lutte contre la corruption, suivie quelques mois plus tard par la signature par le chef de l'Etat des décrets d'application portant notamment sur création de l'organisme gouvernemental contre la corruption (agence) et le processus de déclaration du patrimoine des dirigeants et des responsables de partis politiques? “La situation sociopolitique et économique catastrophique qui prévaut en Algérie, depuis plusieurs années déjà, n'a cessé de favoriser les conditions de l'explosion de la corruption — petite et grande — à tous les niveaux, et tout est fait par le pouvoir en place, pour que la généralisation de ce fléau se poursuive à grande échelle (…)”, explique la section algérienne de Transparency International dans un communiqué rendu public hier. Et de poursuivre : “Le retour en force d'un Etat policier, autoritaire, répressif et liberticide, est un des principaux indicateurs de ce maintien de l'Algérie parmi les pays cancres de la corruption au sein de la communauté internationale.” “Juguler la corruption exige un contrôle étroit exercé par le Parlement, l'application effective des lois, l'existence de médias indépendants et d'une société civile dynamique”, estime Huguette Labelle, présidente de Transparency International. Et d'enchaîner: “Lorsque ces institutions sont faibles, la corruption se développe et échappe à tout contrôle avec de terribles conséquences pour la société (…) avec la persistance d'injustices et d'inégalités.” Arab CHIH