La cour d'appel, qui siégeait à huis clos, a mis en délibéré au 14 octobre sa décision. Un doute a semblé planer sur la sincérité du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, inculpé et placé sous contrôle judiciaire dans l'affaire de l'assassinat de l'opposant Ali Mecili en 1987 à Paris. Le doute s'est installé après son refus de se soumettre à une analyse ADN et à une expertise graphologique demandée par le juge d'instruction Baudoin Thouvenot. Ce talon d'Achille de la défense du diplomate a fait le miel de la partie adverse qui s'en est servie, vendredi, devant la cour d'appel de Paris où la demande d'annulation des mesures prises contre M. Hasseni était examinée. Pour elle, ce refus ne peut être interprété que comme le signe d'une suspicion. “Je suis un peu étonné car M. Hasseni avait la possibilité le 1er septembre, lors de son audition par le juge d'instruction Baudouin Thouvenot, de se soumettre à un certain nombre d'expertises que le magistrat lui a demandées (expertises graphologiques, test ADN, ndlr) et on aurait pu trancher cette question selon laquelle il n'est pas la bonne personne”, a relevé Me Antoine Comte, l'avocat de la partie civile. Selon lui, l'attitude de M. Hasseni “justifie qu'il se soumette aux expertises que le juge a demandées”. Ce refus a aussi soulevé l'incompréhension de l'ex-officier Hicham Aboud qui a appuyé mordicus l'innocence de M. Hasseni. Sur son site, l'ex-officier a sévèrement critiqué le diplomate pour cette attitude. En réalité, ce n'était qu'un réflexe de la part d'une personne qui se sent emportée par la tourmente d'une affaire qui ne la concerne pas. Devant la cour d'appel, Me Jean-Louis Pelletier a répondu que son client était, bien sûr, disposé sans la moindre réticence à se soumettre aux expertises demandées si cela devait contribuer à faire jaillir la vérité. La question est de savoir à quoi l'ADN ainsi prélevé sera-t-il comparé. La défense du diplomate a aussi mis en évidence les contradictions de son seul accusateur, l'ex-colonel Mohamed Samraoui, réfugié en Allemagne. Elle a relevé une nouvelle fois que la personne qu'il a cru identifier comme étant M. Hasseni sur des photos présentées par le journal électronique français Médiapart ne l'était pas. Le parquet s'est là aussi rangé du côté du chef du protocole au ministère des Affaires étrangères qui a répété être “totalement étranger” à cette affaire et ne pas comprendre sa présence dans le tribunal. La cour d'appel, qui siégeait à huis clos, a mis en délibéré au 14 octobre sa décision. La veuve de M. Mecili, Annie Mecili, a exprimé sa volonté de voir l'instruction se poursuivre et “la justice passer”. “C'est un sentiment étrange car pendant vingt ans, on fantasme et là, je me suis retrouvée face à lui”, a-t-elle commenté. Ali Mecili, 47 ans, proche de Hocine Aït Ahmed, exilé en France en 1965, avait été assassiné par balles le 7 avril 1987 dans le hall de son immeuble à Paris. A. O.