Ce sont surtout les nouvelles molécules destinées au traitement des cancers et des maladies chroniques qui coûtent de plus en plus cher. Evalué à quelque 1,3 milliard de dollars, le marché du médicament en Algérie est dominé par l'importation qui représente quelque 70% de la facture totale. L'importation, à elle seule, avoisine un milliard de dollars par an. La production locale, axée surtout sur la fabrication des génériques et de quelques spécialités (princeps des grands laboratoires), est tributaire, elle aussi, de l'importation de la quasi-totalité des matières premières. Cette situation de dépendance de l'étranger provoque cycliquement des pénuries qui sanctionnent évidemment les malades. Ce secteur a connu plusieurs mutations induites par différentes mesures, dont celle obligeant les importateurs à investir dans la production de médicaments en Algérie. Les opérateurs du secteur ont lancé aussitôt des projets de construction d'usines. Aujourd'hui, cette industrie couvre 30% des besoins nationaux en médicaments. Malgré la volonté affichée des pouvoirs publics de redonner un second souffle à la production nationale, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, des obstacles ont fait capoter des projets importants. La recherche médicale vient juste après celle militaire, concernant les grands fonds investis et surtout le degré de technicité et de connaissances scientifiques. Les grands groupes qui détiennent le savoir refusent de le divulguer car, bien entendu, il leur est plus avantageux de produire et d'exporter que de concéder de véritables transferts technologiques. La production d'insuline en Algérie fait partie de ces projets qui ont fait couler beaucoup d'encre. Le partenaire Novo-Nordisk avait donné, une première fois, son accord pour la réalisation d'une usine à Oued Aïssi, dans la wilaya de Tizi Ouzou, et ce, en 1998. Quelques mois après, les autorités de la wilaya dégagent un terrain bien situé dans la commune de Drâa Ben Khedda, et le ministre de la Santé avait fait le déplacement pour la cérémonie de la pose de la première pierre. Mais le projet ne verra jamais le jour car le partenaire danois trouvera moult excuses pour abandonner ce projet et opter, en 2007, pour la réalisation d'une usine de comprimés pour les diabétiques non insulino-dépendants. Cela n'a pas empêché, entre-temps, le groupe algérien Saidal de concrétiser un projet similaire à Constantine où sont produites les 3 formes d'insuline (rapide, moyenne et lente). Saidal ne fait que dissoudre des cristaux d'insuline importés, et pourtant le groupe a dû lutter durant plus de 10 ans pour y parvenir. La facture d'importation des médicaments ne fait qu'augmenter, pourtant les responsables du secteur de la santé ne cessent de faire la promotion des génériques (copies des médicaments d'origine appelées princeps), dont les prix sont nettement inférieurs. Ces augmentations sont dues à deux raisons essentielles : un nombre plus important d'Algériens a droit aux soins et les nouveaux médicaments coûtent de plus en plus cher car leur élaboration fait appel à des technologies de pointe. Certains anticancéreux valent 30 millions de centimes le flacon, et aujourd'hui tous les cancéreux sont traités en Algérie, en raison de l'arrêt des transferts pour soins à l'étranger. La prise en charge des pathologies lourdes mobilise de gros moyens financiers et des plateaux techniques très sophistiqués. Les opérateurs du secteur de l'industrie pharmaceutique (l'écrasante majorité des producteurs sont des importateurs aussi) réclament la protection des producteurs locaux en n'important que les quantités manquantes pour couvrir les besoins nationaux, lorsqu'il s'agit de produits élaborés en Algérie. L'industrie pharmaceutique algérienne produit surtout des comprimés et des sirops, excepté Saidal qui élabore de l'insuline et des antibiotiques injectables. Les autres groupes importants, du secteur privé cette fois, comme LPA, Biopharm, Pharmaliance et autres, ont, eux aussi, réalisé de gros investissements dans ce secteur et ambitionnent d'innover et de produire des médicaments exigeant une plus haute technicité. Djafar Amrane