Un carnage a été évité de justesse hier lorsqu'un kamikaze, à bord d'un véhicule bourré d'explosifs, escorté par un fourgon transportant une dizaine de terroristes, a voulu s'introduire à l'intérieur d'un cantonnement militaire situé à Takdemt, à l'entrée de Dellys, 50 km à l'est de Boumerdès. Un terroriste a été abattu et un autre blessé lors de cette attaque qui a fait trois morts parmi les membres des services de sécurité, dont un garde communal, ainsi que neuf blessés entre militaires, gendarmes et gardes communaux. L'attaque a été minutieusement préparée par les terroristes qui ont voulu tromper la vigilance des militaires et des gendarmes en utilisant une camionnette Toyota de type Hilux bourrée d'explosifs, accompagnée d'un fourgon de transport, un J9, pour se rapprocher des quatre baraques qui forment le cantonnement de Takdemt. Il était 18h45, l'heure de la rupture du jeûne, lorsque la camionnette, volée la veille à un commerçant de Tizi Ouzou, fonce tout droit vers le poste de garde et s'explose, tuant sur le coup un garde communal et deux militaires. Les terroristes profitent de la panique provoquée pour tirer sur tout ce qui bouge, mais les militaires et les gardes communaux ripostent et arrivent à abattre un terroriste qui filmait la scène à l'aide d'un caméscope et blesse un autre qui sera capturé. La réaction des militaires, bien que certains d'entre eux soient blessés, a contraint les assaillants à battre en retraite. Selon des témoins, l'explosion a été suivie par un gigantesque incendie qui a ravagé les baraques en bois. Les pompiers auraient éprouvé des difficultés pour accéder sur les lieux en raison des barricades installées par d'autres groupes terroristes sur la RN24 qui mène vers Dellys, mais aussi sur d'autres axes routiers. D'autres groupes terroristes formés de trois à quatre éléments habillés en civil se seraient déployés sur les routes menant vers Baghlia, Dellys et Benchoud, et y auraient déposé des troncs d'arbres et autres objets pour empêcher l'arrivée des renforts. Sur la route qui mène vers Benchoud, c'est un véhicule qui a été utilisé comme barricade. Un autre groupe terroriste s'est déplacé à l'entrée de la ville de Dellys et a commencé à tirer sur des policiers postés devant le palais de justice, et ce, pour faire diversion. Mais les policiers appuyés par les militaires venus en renfort obligent les terroristes à battre en retraite. Les forces de sécurité arrivent au bout d'une heure environ à sécuriser tous les axes routiers. Les blessés au nombre de neuf, dont cinq militaires, deux gardes communaux et deux gendarmes seront immédiatement évacués par hélicoptère à l'hôpital de Aïn Naâdja à Alger, et ce, après avoir reçu les premiers soins. Cette attaque aurait pu être plus meurtrière s'il n'y avait pas un dispositif assez important au niveau de ce carrefour déjà ciblé par les terroristes dans les années 2000. En s'attaquant à un cantonnement militaire retiré de la ville, les groupes terroristes tentent d'effacer les erreurs commises lors des derniers attentats perpétrés dans des endroits résidentiels où les victimes sont comptées uniquement parmi les civils. Le choix de la cible et du lieu a permis aux groupes terroristes de combiner pour la première fois un attentat kamikaze avec une attaque à main armée. Seulement voilà, les groupes du GSPC qui ne sont pas habitués aux combats corps à corps ont échoué dans cette attaque, bien qu'elle semble avoir été bien préparée par le groupe de Droukdel. Cette attaque serait l'œuvre de katibat El-Ansar, dirigée actuellement par Bentouati Ali dit Amine, originaire de Dellys, qui a remplacé depuis juin 2007 Harek Zoheir dit Sofiane El-Fassila, promu à la tête de la zone 2 après la mort du “naquib” Abbas Boubker dit Selmane, originaire de Sidi Daoud tué par les forces de sécurité en 2004. M. T.