La cour de Boumerdès a abrité hier un procès pas comme les autres. Il s'agit d'un “repenti kamikaze”, un jeune âgé de 19 ans, désigné par l'ex-GSPC d'exécuter un attentat kamikaze en septembre 2007 contre la caserne de Ouled Ali de Thénia. Mais au-delà du verdict, ce procès a mis la lumière sur le courage et la lucidité de ce repenti et de ses parents qui ont pu éviter un autre massacre et des douleurs à de nombreuses familles. Ce jeune qui finalement a écopé de trois ans avec sursis et que nous avons voulu nommer Rabah devait foncer, le 12 septembre 2007, sur la caserne de l'ANP de Ouled Ali avec une camionnette Mitsubishi bourrée de 130 kg d'explosifs, soit trois jours seulement après l'attentat kamikaze ayant ciblé la caserne des garde-côtes de Dellys qui a fait 35 morts parmi les militaires. Mais devant l'atrocité des images de l'attentat de Dellys, il craque et finit par tout avouer à son père. Il remet son arme aux forces de sécurité. Un fusil de type Kalachnikov avec lequel il devait être pris en photo pour les besoins de la propagande habituelle propre à Al-Qaïda. Devant une assistance restée ébahie, ce jeune issu d'une famille de fellah affirme avoir été endoctriné par un terroriste connu dans la région et qui n'était qu'un de ses voisins. Dès son recrutement au sein de la seria d'El-Merikh, écumant sahel Bouberak et sa région, il est envoyé à Oran dans une zaouia pour apprendre le Coran. Mais surprise. À la place du Coran, on lui montre des images et des films vidéo sur les attentats commis en Algérie et en Irak. Le jeune “repenti kamikaze” quitte précipitamment Oran après 20 jours passés dans cette “école coranique” un peu spéciale. Il sera rejoint le lendemain par un terroriste de sa connaissance qui lui fait part de sa sélection parmi les kamikazes retenus pour exécuter des attentats durant le mois de septembre. Commence alors un branle-bas pour la préparation de l'attentat comme il apprendra à conduire un véhicule. On lui a demandé notamment de lire tout le temps le Coran et de n'être fixé que sur son objectif. C'est l'“émir” de la seria El-Merikh, Serraka alias Boussena Aïssa qui assure la préparation des deux kamikazes dont le jeune Nabil Belkacem qui fonça sur la caserne des garde-côtes. Cet “émir” comme une dizaine d'autres seront abattus par les forces de sécurité deux semaines seulement après l'attentat de Dellys. M. T.