Au moins 22 personnes ont été tuées hier et 80 blessées dans un attentat suicide perpétré dans le nord du Sri Lanka par les rebelles séparatistes tamouls contre un parti politique de l'opposition, a annoncé le ministère de la Défense. “Les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont commis un attentat suicide. Il y a de nombreuses victimes. Au moins 22 personnes sont mortes”, a déclaré le porte-parole du ministère, le général Udaya Nanayakkara. L'explosion est survenue dans la ville septentrionale d'Anuradhapura dans les locaux du principal parti politique de l'opposition au président sri-lankais Mahinda Rajapakse, le Parti national unifié (PNU). Parmi les victimes, le ministère a déploré la mort du chef local du PNU, le général à la retraite Janaka Perera, et de son épouse. Le PNU avait été au pouvoir au Sri Lanka jusqu'à la fin de l'année 2002. Le Premier ministre de l'époque issu de ses rangs, Ranil Wickremensinghe, avait même négocié le cessez-le-feu de février 2002 entre Colombo et les Tigres tamouls. Une trêve scellée sous l'égide de la Norvège, mais qui a été rompue en janvier dernier. M. Wickremensinghe, partisan de la paix avec les LTTE, avait été congédié en novembre de cette année-là par le président de l'époque, Chandrika Kumaratunga, pour avoir négocié une plus grande autonomie pour les Tamouls dans le nord de l'île. Dans ces régions septentrionales, dont une partie est encore contrôlée par les Tigres tamouls, l'armée du Sri Lanka a lancé depuis des semaines une grande offensive terrestre et aérienne destinée à faire tomber la “capitale” politique de la guérilla, Kilinochchi. Tous les jours, les combats y font des dizaines de morts dans les deux camps. La chute de cette bourgade constituerait un grave revers pour la rébellion, après 36 ans de conflit séparatiste. Indépendant de la Grande-Bretagne depuis le 4 février 1948, le Sri Lanka, anciennement Ceylan, peuplé de 20 millions d'habitants, s'enlise dans le plus vieux conflit en cours en Asie : une petite guerre oubliée où alternent phases de combat, attentats et périodes d'accalmie. En lutte depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et du nord-est de ce pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes. Quelque 70 000 personnes ont été tuées en trois décennies et des milliers sont mortes depuis le regain de la violence vers la fin 2005, lorsque le président Rajapakse a été élu. R. I./Agences