Lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne I, le responsable de l'administration pénitentiaire a sollicité l'apport du mouvement associatif afin de sensibiliser les anciens détenus et aider leur réinsertion dans la societé. Les conditions de détention se sont nettement améliorées ces dernières années, notamment depuis la mise en branle des réformes du secteur à partir de 2003. Selon le directeur général de l'administration pénitentiaire, l'Algérie peut se targuer d'être parmi les rares pays où le traitement réservé aux détenus respecte les normes internationales. Mokhtar Fellioune, qui intervenait, hier, sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, s'est longuement exprimé sur la loi de février 2005 organisant l'activité pénitentiaire et la prise en charge des détenus. Cette loi s'inspire des textes relatifs au respect des droits de l'Homme. Depuis, 14 textes d'application ont été promulgués. Cette nouvelle loi permet à toutes les ONG de visiter les prisons. À titre illustratif, jusqu'à fin août 2008, 2 886 membres d'ONG, 451 journalistes ainsi que 152 délégations étrangères ont visité des prisons algériennes. Par cette loi, l'administration pénitentiaire veut jouer pleinement la carte de la transparence et du respect des droits de l'Homme. La loi évoque également la situation des femmes détenues, notamment celles enceintes ou qui élèvent leurs enfants en prison. La législation prévoit même des portions alimentaires spécifiques à ces femmes. Il en est de même pour les mineurs qui bénéficient d'un régime semblable à celui de l”internat. La loi donne aux détenus le droit de se plaindre auprès de l'administration. Si cette dernière ne répond pas dans un délai de dix jours, le détenu peut saisir le procureur, sans que son courrier ne soit contrôlé. En plus, un secrétariat général des prisons, prévu dans la loi, sera installé dans les jours à venir. Il aura pour tâche d'étudier les plaintes des détenus et de vérifier les conditions de leur prise en charge sur le terrain. Pour M. Fellioune, ces mesures sont pour beaucoup dans l'accalmie constatée dans les prisons algériennes ces dernières années. L'orateur mettra l'accent sur les efforts consentis par son administration, notamment en matière de couverture sanitaire. Ainsi, 96 blocs sanitaires existent à travers les prisons algériennes. Pratiquement, chaque prison dispose d'une structure sanitaire. L'administration emploie 102 médecins, 407 dentistes et 418 psychologues. Les efforts concernent surtout l'enseignement et la formation des détenus. Ainsi, 17 470 détenus suivent des cours, dont ceux de l'UFC et des cours par correspondance. Des mesures incitatives encouragent les détenus à faire des efforts en vue de décrocher leurs diplômes et bénéficier soit d'une grâce présidentielle, soit d'une liberté conditionnée. En 2008, ce sont 455 détenus qui ont décroché le bac et 756 ont réussi à l'examen du BEM. Pour M. Fellioune, “aucun parmi eux, sauf un cas malheureux à Batna, n'est revenu en prison”. La formation professionnelle bénéficie à 14 700 détenus qui ont le choix entre 91 spécialités. En tout, ce sont 32 000 détenus sur les 55 000 que comptent nos prisons, qui bénéficient d'un enseignement ou d'une formation professionnelle, soit les deux tiers. Toutefois, tout n'est pas parfait. Il reste le problème récurrent de la surcharge des prisons. Plus de 59 prisons actuellement en service ont été construites avant 1900. Le programme de construction de 81 nouveaux établissements devrait s'achever entre 2011 et 2012 et permettrait de remplacer les anciennes prisons par de nouvelles prisons répondant aux normes internationales et loin des tissus urbains. Parmi elles, 13 seront réceptionnées avant la fin 2009 et seront basées dans les Hauts-Plateaux. Le choix de cette région répond au fait que celle-ci sera le nouveau pôle de développement économique du pays, mais aussi de sa proximité avec les terres agricoles à mettre en valeur où seront mis à contribution les détenus. L'autre aspect négatif concerne le taux assez élevé de récidive : 42% des détenus retournent en prison après leur premier séjour. Selon M. Fellioune, le suivi des détenus libérés devrait être l'affaire de tout le monde. Pour le moment, ce sont les scouts qui s'activent dans ce domaine. Il prévoit l'ouverture de bureaux au niveau de toutes les wilayas afin de prendre en charge matériellement (aide pour trouver du travail) et psychologiquement les détenus qui sortent de prison afin d'éviter qu'ils ne retombent dans la criminalité. Ce travail sera complété par la création d'un centre d'études pénitentiaires, dont le projet de loi est au niveau du ministère, afin de cerner tous les aspects liés à ce monde et tenter d'y apporter les réponses idoines. Azzeddine Bensouiah