À voir cette JSK, si fringante et conquérante en Coupe d'Afrique, mais incroyablement nonchalante et impuissante en championnat d'Algérie, l'observateur le plus averti ne peut être que déboussolé par le paradoxe. Trois matches à domicile et trois belles victoires en Coupe de la CAF face à de grosses cylindrées de la trempe de l'Etoile du Sahel, de l'Ashanti Kotoko puis d'Al Merrikh de Khartoum, ce n'est quand même pas une mince affaire ni une simple formalité. Ceci est le côté pile, n'est ce pas ? Mais de l'autre côté de la médaille, il faut bien se rappeler que cette même JSK— mais vraiment la même — a enregistré trois matches nuls dans son stade fétiche face au NAHD (1-1) puis à l'AS Khroub et à la JSM Béjaïa sur le même score implacable de 0-0, l'on finit bien par perdre le Nord surtout lorsqu'on rappellera qu'il s'agit bien là du champion d'Algérie qui est donc appelé à défendre sa couronne et à confirmer, par là même, sa force de frappe de la saison dernière. Pis encore, les attaquants kabyles ont inscrit quand même la bagatelle de huit buts en cinq matches de Coupe d'Afrique mais seulement un tout petit but en quatre matches de championnat filé hâtivement lors de la première journée face à l'étonnante formation d'Hussein-Dey. C'est dire qu'un tel dilemme est complexe à décortiquer même si les joueurs et les dirigeants de la JSK, et à leur tête le coach Younès Ifticène et son président Mohand-Chérif Hannachi affirment tout de go qu'il s'agit là d'un problème de rodage et de décollage qui ne tardera pas à se remédier de lui-même. “Je pense que jusqu'à présent, nous avons dominé aisément tous nos adversaires mais que nous avons manqué de sang-froid et de réussite dans les moments décisifs. Je suis persuadé que cette Coupe d'Afrique nous mettra en confiance et nous permettra de retrouver notre efficacité en attaque, même s'il faut bien admettre que toutes les équipes adverses viennent fermer catégoriquement le jeu à Tizi Ouzou et refusent tout simplement de jouer au football”, dira à ce propos le coach kabyle Younès Ifticène qui paraissait ravi et rassuré à la fois par l'éclatante victoire acquise dimanche soir par ses poulains étrangement survoltés et efficaces à souhait devant les fougueux Soudanais d'Al Merrikh. “Non, non, il ne faut surtout pas se voiler la face pour rappeler que la préparation estivale a été un véritable fiasco”, dira au contraire le président Hannachi, comme pour diriger, en fait, un doigt fortement accusateur contre l'ex-coach roumain Alexandru Moldovan qui fut limogé en douce en août dernier même si celui-ci avait affirmé qu'il avait démissionné de son propre gré.“Depuis son arrivée à la JSK, Ifticène a travaillé d'arrache-pied pour améliorer sensiblement la condition physique de l'équipe et les résultats n'ont pas tardé à suivre. Personnellement, j'ai suivi de très près les entraînements dirigés par Ifticène et je savais pertinemment qu'il allait redresser la barre et que la locomotive allait se remettre sur les rails”, dira encore Hannachi qui n'a pas hésité, une fois de plus, à renouveler sa confiance totale à son entraîneur en chef. “Comme tout être humain, il a ses qualités et ses défauts mais il faut bien reconnaître que c'est un entraîneur sérieux, autoritaire et qui exerce son métier avec passion. Il a toute ma confiance et je suis convaincu que l'équipe va s'améliorer au fil des matches et ne tardera guère à retrouver son mordant et son capital confiance”, conclut le président Hannachi qui , contrairement à toutes les rumeurs ayant circulé la semaine dernière à propos de l'avenir, soit disant fragile, de Ifticène, a affiché un total soutien à son coach attitré. Enfin, du côté des joueurs la sérénité est réellement de mise car tous les Canaris estiment qu'il ne faut guère s'alarmer et que la culture de la gagne ne tardera pas à faire sa réapparition dans la maison kabyle. “Certes, nous avons quelque peu raté notre départ en championnat car toutes les équipes sont hyper-motivées contre la JSK, surtout en début de saison où le rodage n'est pas encore parfait”, dira Yacine Amaouche qui comptabilise beaucoup d'expérience dans le football de haut niveau. “C'est un problème de confiance et je suis persuadé que le déclic en championnat ne tardera pas à se déclencher surtout que nos bonnes performances en Coupe d'Afrique nous ont rassurés et galvanisés. Une chose est sûre, on ne tardera pas à revoir le vrai visage de la JSK, c'est promis !”, conclut Amaouche comme pour conjurer le mauvais sort et promettre au fidèle public kabyle que la JSK retrouvera au plus vite son visage habituel, fait de panache, de rigueur et surtout de conquête à toute épreuve. Mohamed HAOUCHINE