Les dégâts humains et matériels causés par les inondations qui ont touché la vallée du M'zab, la semaine dernière, auraient pu être évités ou du moins limités si les mesures préconisées par les experts avaient été appliquées. C'est là l'une des principales conclusions du débat organisé hier par le quotidien El Moudjahid et animé par des experts, des représentants de certains départements ministériels et des organismes spécialisés. En effet, deux études avaient été réalisées sur les crues de la vallée du M'zab, l'une sur un modèle mathématique effectuée par un cabinet suisse dans les années 90 et l'autre sur un modèle réduit physique menée à partir de 1999 par le Laboratoire national des études maritimes (LEM). Cette deuxième étude, effectuée sur la base des données fournies par l'expertise suisse (étude hydrologique), tendait, selon le directeur du laboratoire, M. Boudouma, à déterminer sur une échelle réduite le cours de la crue et les zones inondables. L'objectif étant de fournir les instruments permettant de réaliser des ouvrages grandeur nature qui peuvent protéger la région des débordements des rivières. La simulation de crue qui a donc été réalisée à une échelle réduite a été qualifiée hier de “très sérieuse” par le professeur Abdelkrim Chelghoum, qui a estimé que ce travail permettait “une gestion correcte des catastrophes”. La représentante du LEM, qui a exposé le travail hier, a été catégorique. “Je savais qu'un jour il y aurait ces inondations”, a-t-elle affirmé. Mais la question que tout le monde s'est posée, hier, en apprenant les résultats de ce travail conduit par un laboratoire national : comment une telle catastrophe est survenue alors que l'étude avait démontré la vulnérabilité de cette région face aux crues ? La réponse se trouve dans le retard pris dans la construction des trois digues tel que préconisé par l'étude. Le travail de recherche a mis en évidence le danger que présente le débordement de l'oued M'zab sur les populations de la région. Ainsi, trois ouvrages de rétention devaient être érigés en amont de l'oued et sur ses deux affluents. Mais en fin de compte, il n'y a qu'une seule digue, la principale, qui a été achevée. “Et heureusement !” En effet, il y avait hier unanimité autour de cette question lors du débat au siège d'El Moudjahid. “Si cette digue n'avait pas été construite, les inondations auraient été plus meurtrières”, estime pour sa part M. Aït-Amara, directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau. De son côté, l'expert Abdelkrim Chelghoum soutient que cette digue a réduit de 50% la crue de l'oued M'zab. M. Aït-Amara a affirmé que l'ouvrage, d'une hauteur de 14 mètres, a emmagasiné 20 millions de m3 d'eau et la puissance de la crue a atteint 900 m3/seconde. Ce responsable du ministère des Ressources en eau promet, en tout cas, qu'avec la réalisation des deux autres digues, la vallée du M'zab sera définitivement protégée des crues de l'oued éponyme. Mais tout cela ne peut nous empêcher de reposer la question qui est sur toutes les lèvres. Du moment qu'on savait l'existence du danger et même son caractère imminent, pourquoi n'a-t-on pas accéléré la construction des deux autres digues ? Une question à laquelle personne parmi les invités n'a pu donner de réponse claire et précise. Par ailleurs, le représentant du collège des architectes, M. Bendaoud, a mis en relief dans son intervention la présence d'habitations et même d'infrastructures étatiques dans des zones déclarées inondables à Ghardaïa. Un autre expert a relevé, pour sa part, la force des précipitations indiquant que, selon ses calculs, pas moins de 30 millions de m3 s'étaient abattus sur la région en l'espace d'une dizaine d'heures. L'autre point sur lequel l'unanimité s'est dégagée hier sur ce sujet brûlant d'actualité a trait au fait que malgré les dégâts causés par les différentes catastrophes naturelles vécues ces dernières décennies, on n'arrive à tirer aucun enseignement, ni leçon de ces expériences qui pourraient, pourtant, nous permettre de nous prémunir à l'avenir de ces dangers. Hamid SaIdani