Située à une dizaine de kilomètres de Ghardaïa, la commune d'El Atteuf, l'une des plus touchées par les inondations, a été totalement dévastée par les eaux de l'oued M'zab. Située en aval de la vallée du M'zab, elle a subi toute la déferlante de la crue, mais fort heureusement, les dégâts sont beaucoup plus matériels qu'humains. La population vivant sur les rives de l'oued a pu se mettre à l'abri sur les hauteurs, dès les premiers signes de débordement, juste avant la prière de l'Aïd, mercredi. Les trois passerelles et le pont qui reliaient le quartier Tamou, adossé à des collines rocheuses, ont été emportés par les eaux, qui ont également arraché les digues de protection des deux rives. La chaussée défoncée et la boue sur une épaisseur de plus de 50 cm rendent la cité impénétrable sauf à pied. Rejoindre l'autre rive passe inévitablement par une marche au milieu de l'oued, avec le risque d'être emporté par les eaux en furie. La traversée se fait difficilement. Une chaîne humaine se dresse pour acheminer les vivres, l'eau potable et le gaz butane aux sinistrés de la rive d'en face. La scène est une belle image de solidarité. Il s'agit de la première aide collectée par l'Etat et acheminée par des transporteurs privés. C'était hier matin. Les familles dénoncent les lenteurs dans la prise en charge : « Nous avons reçu une bougie par famille, est-ce possible de passer la nuit dans une maison avec une seule bougie ? Personne n'est venu s'enquérir de notre sort. Nous sommes là, abandonnés comme des lépreux. Nous ne pouvons même pas transférer un malade parce qu'il n'y a pas de route. L'eau coule toujours », crie un père de famille. Cela fait trois jours que le quartier n'a plus d'électricité, de gaz et d'eau potable. Ni les femmes ni les enfants n'ont pu quitter les lieux, pris au piège entre les eaux qui se déversaient des roches et celle qui déferlaient de l'oued. « Nous étions pris entre deux violentes vagues et nous n'avions que les terrasses des maisons à étages situées entre les deux parties inondées pour nous abriter. Toutes nos provisions stockées dans nos caves ont été emportées. Ce n'est qu'aujourd'hui (hier, ndlr) que nous avons reçu les aides », lance un sexagénaire, père d'une famille de sept membres. Aucun des enfants de ce quartier n'a pu aller à l'école, les deux établissements qui y existent ont été dévastés. Les poteaux électriques, installés dangereusement au milieu et sur les rives ont été arrachés et les fils pendent encore de part et d'autre. Le réseau d'assainissement ouvert durant le Ramadhan pour des travaux (sans fin) n'a pu résister à la déferlante. Pour Hadj Mohamed Hafatou, président de l'association écologique Peace Blue (Salem Azrek) cette catastrophe aurait pu être évitée si les nombreuses lettres adressées aux autorités pour alerter sur le danger des constructions sur le lit de l'oued M'zab avaient été prises au sérieux. « Il n'y a pas que les citoyens qui construisent à proximité de l'oued. L'Etat aussi a construit des écoles et un lycée, qui ont d'ailleurs été dévastés. La responsabilité de l'Etat est entièrement engagée dans cette catastrophe », a déclaré Hadj Mohamed. Pour lui, le sinistre est encore plus important parce que la population a non seulement perdu ses maisons mais aussi toutes les réserves alimentaires stockées dans les caves. Il a également alerté sur le danger des eaux usées qui viennent de toutes les communes en amont d'El Atteuf et dont les collecteurs ont été détruits. A l'école coranique qui sert de poste de commandement de la gestion de crise à El Atteuf, improvisé par la communauté, les aides des citoyens affluent de toutes les régions du pays. Elles sont distribuées au fur et à mesure qu'elles arrivent grâce aux comités de quartiers. Ce n'est qu'hier que les premières quantités de l'aide de l'Etat sont arrivées. Les sachets d'eau potable étaient offerts par la Seeal.