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La réplique du CRAAG
Après le scénario catastrophe de Bonatero
Publié dans Liberté le 01 - 06 - 2003

Au séisme psychologique provoqué par l'astronome Bonatero, les chercheurs du Craag répondent par une “réplique” scientifique. Démonstration.
La déclaration de Loth Bonatero, un astronome du Craag, relayée par certains journaux, et qui annonçait de fortes secousses telluriques qui devaient secouer plusieurs régions du globe à partir d'hier, a fait l'effet d'une bombe. Une grosse panique s'est emparée des citoyens qui attendaient, la peur au ventre, ce cataclysme qui allait tout détruire. La psychose est telle que des milliers de citoyens ont quitté précipitamment la capitale pour aller se réfugier au bled d'origine. Bonatero a réussi son coup. Il a provoqué la terreur au sein de larges secteurs de l'opinion encore sous le choc de la catastrophe du 21 mai dernier. Dans ce climat d'hystérie ambiante, nous avons voulu donner la parole aux spécialistes, les vrais, pour nous éclairer et rassurer une population traumatisée par la hantise des tremblements de terre. Et la “réplique” des chercheurs du Craag par rapport aux fausses “prophéties” de Bonatero a été sans appel. Sa théorie qui établit une relation de cause à effet entre l'activité sismique et l'éclipse solaire a été détruite. “La prédiction sismologique est scientifiquement impossible”, assène doctement et rageusement M. Yellès, directeur de cette illustre institution, qui a eu des mots particulièrement durs à l'égard de ce chercheur par qui le scandale est arrivé. “C'est un charlatan, un nul, un cas psychiatrique. Bonatero n'a aucune référence scientifique et ses arguments sont rejetés par toute la communauté des spécialistes”, tonne le directeur du Craag qui en a visiblement gros sur le cœur. Il nous informe que “celui qui a été loin” est sous le coup d'une sanction pour avoir publié un éphéméride alors que cela ne relève pas des missions du centre. Voulant démonter la thèse développée par Bonatero, notre interlocuteur précise que la communauté scientifique ne reconnaît aucun crédit à cette théorie et que son auteur “ignore la sismologie et la théorie générale qui gère la sismicité mondiale qui est l'action des plaques et des forces qui régissent le mouvement des plaques tectoniques”. En langage terre à terre, l'éclipse solaire et tout ce qui relève de l'astronomie n'ont absolument rien à voir avec les tremblements de terre. Ouf ! de soulagement donc pour tous les citoyens qui ont pris au sérieux “Bon à terreur”. Et Dieu sait combien ils sont nombreux ces malheureux citoyens à être tombés dans l'épicentre de ce séisme pseudo scientifique.
Bonate…rreur
Et les dégâts psychologiques sont à la mesure de cette formidable supercherie intellectuelle. Hier, le standard téléphonique du Craag a failli exploser par la force intense des… appels. À plusieurs reprises, le porte-parole de cette institution, M. Hamdache, a dû interrompre notre entretien pour aller expliquer et rassurer une population secouée par la terrible “fausse nouvelle”. “Depuis hier, ce sont des centaines de personnes qui appellent comme ça pour connaître la vérité.” “Il a été très loin”, lâche, très dépité, le directeur du Craag qui sollicite l'appui des journalistes pour un effort de communication. “Aidez-nous à expliquer aux citoyens, c'est un devoir patriotique en ces moments tragiques”, affirme M. Hamdache, improvisé responsable de la communication à l'occasion. C'est que la “théorie” de Bonatero a poussé les gens à retourner aux bonnes vieilles recettes pour faire face à la catastrophe annoncée au détriment de la science. Ainsi, un autre chercheur physicien, Hakim Ayadi, nous a raconté une anecdote très symptomatique de cette panique qui a gagné la population.
À Makouda, en Kabylie, les citoyens, notamment les femmes, ont investi durant le week-end la mosquée du village et ont fait une offrande à Dieu pour qu'Il leur évite le séisme ! Cette imploration ne suscite pas pour autant le rire de notre chercheur. “En l'absence d'une explication scientifique, l'on se rabat forcément sur la religion, qui n'a pourtant rien à voir avec le tremblement de terre”, dit-il. Une autre femme s'inquiète pour sa fille qui refuse de rentrer chez elle depuis le 21 mai dernier. Il a fallu qu'on lui passe directement un chercheur au téléphone pour qu'elle accepte d'accompagner sa mère.
Au Craag, on ne surveille pas uniquement l'activité sismique de la terre sur la bande du sismographe. On fait aussi dans le soutien psychologique. La patience de ces vaillants chercheurs et techniciens est extraordinaire. Ce n'est pourtant pas leur boulot. L'équipe est mobilisée H24. Sans répit.
Comme on surveille le lait sur le feu…
Ils surveillent la bande blanche qui défile sur le sismographe comme on surveillerait le lait sur le feu. Nous avons même assisté “on live”, hier, à une réplique d'une magnitude de 3,5 à 12h45. “Ce genre de secousse est courant”, commente M. Hamdache. Pas de panique donc.
Que non ! Quelques secondes ne se sont pas encore écoulées que le téléphone retenti. C'est un citoyen qui ressentit la secousse et qui s'inquiète. “Ma tkhafch, khoya (n'aie pas peur mon frère), ce n'est qu'une petite réplique”, répond un technicien d'une voix calme et rassurante. Et ce manège se répète des dizaines de fois durant la journée. Les nerfs des employés du Craag ne cèdent pas pour autant. Avec le même calme, le même sens du service public et le sentiment du devoir d'informer, ils prennent très gentiment les sollicitations des gens. Et ils reçoivent avec la même bonhomie les journalistes que ce soit “physiquement” ou par téléphone, y compris pour répondre à des questions farfelues comme celle de cette journaliste qui demandait où était l'échelle Richter !
Hier, M. Hamdache a improvisé une conférence de presse dans son modeste bureau. Ici, la communication est le maître mot. “C'est comme cela que nous pouvons contrer le charlatanisme”, affirme-t-il.
Il est 12h50. Les 150 employés du Craag n'ont pas encore quitté leurs bureaux. Et ils ne les quitteront pas. Pas même pour déjeuner. On se débrouille un café ou un sandwich et on tient le coup. Certains ne sont pas rentrés chez eux depuis le fameux mercredi. Cela ne leur a pas épargné des critiques, parfois acerbes. On leur reproche d'avoir menti sur la magnitude du choc principal. Ils répondent ceci : “Nous n'avons aucun intérêt à mentir. Nous avons immédiatement localisé la zone épicentrale à 10 km au nord du large de Zemmouri. Et comme la station y est proche, il y a eu saturation. Il a fallu attendre 4h du matin pour rassembler toutes les informations pour arrêter la magnitude de 6,2 à l'échelle locale”, explique Hamdache. Il précise en outre que tous les organismes internationaux, y compris les plus célèbres d'entre eux, se sont plantés, en donnant des magnitudes qui oscillaient entre 3,5 et 7,3. En revanche, le Craag a été le premier à avoir relevé la première réplique de 5,8 sur l'échelle de Richter, 10 minutes seulement après la secousse contre 30 minutes pour les Américains. Nos chercheurs ne sont donc pas aussi mauvais qu'on le pense. Bien au contraire, quand on sait les vieux moyens avec lesquels ils travaillent, comparés à ceux ultra sophistiqués des autres organismes de même nature. Mais cela est une autre histoire…
Contre mauvaise fortune, M. Yellès et son équipe font bon cœur. Ils tentent courageusement de rassurer une population prise dans l'étau des rumeurs cataclysmiques. Ils sont toute la journée sur le qui-vive. Ils meublent leurs journées à coups de briefing et “d'assurances téléphoniques” pour faire face aux secousses versions Bonatero…
H. M.


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