L'Algérie, déclarée à l'abri des contrecoups de la crise financière internationale grâce, dit-on, à ses réserves de change et au financement domestique de ses projets d'investissement, est toutefois tributaire, on le voit, de l'informel qui continue à régenter le fonctionnement de l'économie nationale. Si le débat sur les incidences de la crise financière internationale sur l'Algérie, ses projets économiques et l'avenir immédiat de ses entreprises est loin d'être épuisé, ses premiers effets sont déjà visibles dans la rue. On le sait depuis longtemps, le square Port-Saïd, à Alger, est considéré, chez nous, comme une véritable “place boursière” puisque c'est là — et nulle part ailleurs, précisons-le — que le taux de change de la devise et, donc, la valeur réelle du dinar, étaient fixés. Depuis quelques jours, l'euro s'y échange à moins de 100 dinars, alors qu'il se négociait à près de 120 dinars, il y a tout juste quelques semaines. Tout le monde en convient, à commencer par les “cambistes” eux-mêmes : cette chute vertigineuse de la monnaie européenne, qui risque de se poursuivre, est une conséquence directe de la crise financière internationale. Nos importateurs informels, encore nombreux, qui exercent au noir, vont se frotter les mains et peuvent, à moindre coût, inonder le marché national de toutes sortes de produits. Certes, cela va booster leurs ventes puisqu'ils seront en mesure de céder leur marchandise au rabais sans préjudice aucun sur leurs bénéfices, mais cela n'ira pas sans nuire aux affaires de leurs confrères dûment identifiés, car détenteurs de registres du commerce qui, eux, paient leurs impôts. Cela se traduira, également, par des difficultés supplémentaires qui vont aggraver la situation des entreprises algériennes, celles-ci étant appelées, ainsi, à faire face à un surplus de concurrence déloyale. Cela signifie que des entités économiques algériennes risquent bel et bien d'être concernées par le krash mondial qui se profile à l'horizon. L'Algérie, déclarée à l'abri des contrecoups de la crise financière internationale grâce, dit-on, à ses réserves de change et au financement domestique de ses projets d'investissement, est toutefois tributaire, on le voit, de l'informel qui continue à régenter le fonctionnement de l'économie nationale. Cela étant, c'est toujours dans les circuits informels que se lisent les vérités économiques. Si bien qu'il serait temps de mettre la part “officielle” de l'économie algérienne au diapason de sa part informelle. Cela devrait peut-être passer par la régularisation des cambistes de Port-Saïd qui, du reste, exercent au grand jour. S. C.