L'Algérie devrait réévaluer ses politiques d'investissement afin de promouvoir le développement d'une économie moins dépendante et plus élargie. C'est en somme la conclusion du dernier rapport du cabinet de consulting britannique, Oxford Business Group. Celui-ci estime que bien que l'économie algérienne demeure solide, la dépendance du pays à l'égard des exportations de pétrole et de gaz comme source de revenus pourrait signifier une baisse des recettes si les prix du baril continuent leur spirale descendante. Avant d'ajouter que bien que toujours susceptible d'obtenir un bon revenu l'an prochain grâce à ses exportations d'hydrocarbures, il n'y a pas de doute que l'Algérie n'a pas réussi à diversifier son économie afin d'élargir les ventes outre-mer. Alors que le gouvernement a dégagé 140 milliards de dollars pour un programme quinquennal s'achevant fin 2009 pour développer les infrastructures, stimuler l'emploi par 2 millions et améliorer les services sociaux, ces dépenses ne se sont pas traduites par une réduction de la dépendance à l'égard des exportations pétrolière et gazière. OBG rappelle les propos des responsables du Fonds monétaire international (FMI) qui estime que la crise économique mondiale aura seulement un impact minimal sur l'Algérie, en raison de sa faible exposition aux marchés financiers internationaux, avant d'ajouter, néanmoins, que le manque de flexibilité et de diversité économique ainsi qu'une dépendance à l'égard des exportations d'énergie comme étant la principale source de revenus pourrait se traduire par une baisse des investissements de l'Etat. Et de poursuivre que, selon Joël Toujas-Bernate, la crise mondiale a souligné la nécessité de diversifier l'économie algérienne qui, selon lui, est encore très dépendante envers le secteur des hydrocarbures, alors que la productivité reste relativement faible par rapport aux pays partenaires et le chômage chez les jeunes est très élevé. Mr. Toujas-Bernate a déclaré que le FMI estimait que l'économie algérienne connaîtrait une hausse de 2.5-3% l'an prochain, ce qui est en-dessous des 4,1% prévus par la loi de finances de l'Etat, et approuvé par la Chambre basse du Parlement le 23 octobre dernier. Alors que les responsables algériens restent confiants et considèrent que l'économie du pays est à l'abri des turbulences de la crise financière mondiale, ils n'écartent pas, néanmoins, qu'un ralentissement de la situation économique internationale pourrait avoir un impact sur les flux. Karim Djoudi, ministre des Finances, a averti, le 11 novembre, que de nouvelles baisses des prix de l'énergie amèneraient le gouvernement à repenser certaines de ses politiques économiques. OBG rappelle également que dans son projet de loi de finances 2009, le gouvernement a confirmé une augmentation de 6,3% dans les dépenses de l'Etat, c'est-à-dire 5 191 milliards de dinars (78.8 milliards de dollars) par rapport aux 70.75 milliards de dollars prévus cette année. Les responsables du gouvernement ont déclaré que cette hausse des dépenses serait utilisée pour la fourniture de subventions pour certains produits de première nécessité, les salaires de la Fonction publique et pour parachever le programme de modernisation de l'économie et des infrastructures (programme de relance économique). À cet effet, le gouvernement a créé une commission au sein du ministère des Finances pour surveiller les effets possibles de la crise économique sur l'économie algérienne et faire des recommandations sur les mesures possibles pour atténuer tout impact. Bien qu'il n'existe pas de menace immédiate sur l'économie algérienne, M. Djoudi estime que la récession internationale a conduit à une baisse de la demande de pétrole, ce qui influe sur les recettes extérieures et les recettes fiscales. Cela pourrait s'atténuer en utilisant des fonds d'une réserve spéciale pour surmonter les éventuels problèmes de financement du budget, a-t-il dit. Le 5 octobre dernier, le ministre de l'Énergie et des Mines, M. Chakib Khelil, a annoncé que l'Algérie possédait des réserves financières d'environ 133 milliards de dollars, ce qui semble indiquer que le gouvernement a suffisamment de fonds pour sortir de la tempête économique mondiale. En outre, l'Algérie a été prudente dans ses estimations des recettes pour le budget de l'année prochaine, en se basant sur un baril à 37 dollars, soit 20 dollars de moins que le niveau actuel.