Le ministre des Finances a estimé que l'Algérie est à l'abri de la crise financière mondiale grâce aux décisions prises par le gouvernement. Le gouvernement refuse de céder aux concessionnaires automobiles. Malgré le grand tapage suscité par l'introduction de la taxe sur les véhicules neufs, le gouvernement refuse de faire marche arrière. Il persiste et signe. «La taxe imposée sur l'importation des véhicules sera maintenue», a affirmé le ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge de la séance plénière tenue, hier, à l'APN. Clair, net et précis, le ministre n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour mettre fin à la polémique. «Nous maintiendrons cette taxe», a-t-il clairement soutenu. Emanant du grand argentier du pays, cette déclaration se veut une réponse directe à la demande des députés qui proposent une réduction de la taxe. Les parlementaires ont mené une véritable bataille pour imposer au gouvernement une révision du taux de la taxe sur les véhicules neufs. Ces derniers ont proposé une nouvelle fourchette pour la taxe qui varie actuellement de 50.000 à 150.000 DA, avec une baisse allant jusqu'à 60%. D'autres députés ont préconisé de ramener cette taxe à 1% du prix du véhicule. Alors que les députés s'apprêtent à mettre leur veto lors du débat sur le projet de loi de finances 2009, la question semble être close pour le gouvernement. Il reste à savoir si les représentants du peuple sauront trouver les armes adéquates pour contrecarrer cette décision. Cependant, et devant l'obstination du gouvernement, les députés finiront, certainement, par lâcher prise et donner leur quitus, comme à l'accoutumée. Interrogé sur les conséquences de cette décision sur le citoyen, M.Djoudi a présenté une analyse différente de celle attendue. «L'introduction d'une telle taxe ne va pas faire flamber les prix des véhicules, bien au contraire, avec la crise mondiale, les prix vont baisser», soutient-il mordicus. La récession économique mondiale va pousser les concessionnaires à réduire les prix pour encourager les ventes, avance Karim Djoudi. Sur la défensive, le ministre affirme que cette taxe traduit la volonté de développer la production nationale. «Nous ne voulons pas que notre pays soit un marché de commercialisation de produits, mais plutôt de production», a-t-il, précisé. L'importation des véhicules neufs, rappelle-t-il, représente 10% de l'ensemble des importations, soit 2,8 milliards de dollars. Selon lui, le but recherché est d'inciter les opérateurs automobiles à engager de véritables investissements en installant des unités de montage en Algérie. Toutefois, les recettes générées par cette taxe seront orientées pour financer le projet du tramway et celui du métro. Ces deux taxes devront permettre au gouvernement d'engranger une recette de 6 à 7 milliards de DA, selon les prévisions de M.Abderrahmane Raouia, directeur général des impôts. Il y a lieu de souligner que les ressortissants algériens à l'étranger, les attachés diplomatiques, les consuls de retour définitif au pays et les invalides sont exonérés de cette taxe. Sur un autre chapitre, le ministre des Finances est revenu sur la crise financière mondiale. Adoptant une démarche d'ordre méthodologique dans sa réponse, M.Djoudi a assuré, encore une fois, que l'Algérie est à l'abri des répercussions de la crise mondiale. «Nous ne sommes pas concernés par les conséquences de cette crise», a-t-il déclaré d'un ton rassuré. Pourquoi et comment? Le ministre explique que les décisions prises par le gouvernement ont épargné au pays les effets négatifs de la crise. Pour étayer ses propos, le ministre indique qu'il n'y a pas de banques nationales qui opèrent sur le marché international et que de plus, les exportations sont principalement constituées par les hydrocarbures. M.Djoudi estime que le temps a donné raison au gouvernement de ne pas avoir procédé, avec précipitation, à la création de fonds souverains et initié la convertibilité du dinar. «Si nous avions opté pour les fonds souverains, nous ne serions pas épargnés par la crise», a-t-il souligné. Sur sa lancée, le ministre a avancé plusieurs éléments-clés pour écarter le doute qui plane sur le devenir de l'économie nationale. La gestion des réserves de change, le tarif de référence fixé à 22 dollars le baril, l'effacement de la dette extérieure, la création du Fonds national de régulation des recettes, sont autant d'actions qui ont permis de protéger l'économie nationale. «Les réserves de change sont placées dans des banques américaines publiques, qu'on appelle des actifs sûrs et qui ne sont pas affectés par la crise», a-t-il précisé. Le ministre a fait savoir que la dette extérieure de l'Algérie a été ramenée à 600 millions de dollars actuellement contre 670 milliards de dinars pour la dette intérieure. En outre, le recours au financement intérieur a également été d'un grand apport pour l'économie, ajoute Karim Djoudi. Celui-ci a fait savoir qu'au moment où les banques internationales souffrent d'un manque de liquidités, nos banques enregistrent un retour sur capital à hauteur de 25% alors qu'il était de 3% auparavant. Sur un autre registre, les députés, à l'exception de ceux du PT qui se sont abstenus et ceux du RCD qui ont rejeté le projet, ont adopté, hier, le projet de loi portant approbation de l'ordonnance fixant les conditions et modalités d'octroi par concession des terrains relevant du domaine privé de l'Etat, destinés à la réalisation de projets d'investissement.