Même si elles n'ont pas été évoquées de façon explicite, les inondations qui ont frappé plusieurs endroits du pays ces dernières années, avec leurs lots de victimes, ne sont dans une large mesure que la conséquence du réchauffement de la planète qui touche également d'autres pays de par le monde, ont relevé, hier, plusieurs spécialistes lors d'une série de communications organisées, à l'Office national de la météorologie (ONM) à Alger, à l'occasion de la Journée internationale de l'alimentation. “Les 11 dernières années ont été les plus chaudes”, a indiqué dans son allocution d'ouverture le directeur de l'ONM dont l'organisme abrite les travaux de cette journée ayant pour thème “La sécurité alimentaire mondiale : les défis du changement climatique et les bioénergies.” “Entre les années 1970 et 2004, l'émission du carbone a augmente de près de 70%”, a-t-il affirmé. Pays semi-aride et aride, l'Algérie est très vulnérable aux changements climatiques. Ces changements, c'est connu, provoquent des variations dans les précipitations et par ricochet sur le rendement de l'agriculture. “Il s'agit, aujourd'hui, d'identifier les zones à risques, d'installer des systèmes d'alerte et de développer la recherche”, a-t-il préconisé. Dans une communication intitulée : “Variabilité et évolution du climat en Algérie”, Djamel Boucherf a rappelé, pour sa part, que le bassin méditerranéen est un endroit vulnérable. En guise d'arguments, il rappelle les victimes, près de 15 000, provoquées par la chaleur en France, les inondations au Maroc et en Algérie et enfin la sécheresse en Egypte et en Libye. “Il y a une augmentation de la chaleur ces dernières années. Il peut tomber une quantité de pluie en une journée égale à la moyenne annuelle”, a-t-il fait observer. Il a annoncé, dans la foulée, qu'un supercalculateur sera bientôt installé pour prévoir les phénomènes climatiques, alors que d'autres radars seront également installés dans plusieurs endroits de l'Algérois. “En 100 ans, le taux de CO2 dans l'atmosphère a triplé”, a estimé, de son côté, Farid Harouadi, cadre et chercheur au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. S'intéressant particulièrement à l'impact des changements climatiques sur la pêche et les ressources halieutiques, M. Harouadi a précisé que le transport maritime, utilisant le carburant fossile, est responsable deux fois plus d'émission de CO2 que le transport aérien. Fait qui peut paraître cocasse pour les Algériens, la FAO a préconisé, a-t-il affirmé, “une journée par semaine sans viande car l'élevage est responsable de l'effet de serre”. “Réduire l'élevage industriel et consommer le poisson”, telle est sa suggestion, bien qu'il reconnaisse que la mer est menacée par la pollution, la surpêche et le réchauffement. D'où le recours, comme solution, à l'aquaculture. Comment lutter alors contre le réchauffement de la planète ? À contre-courant d'une idée assez répandue, ce cadre du ministère préconise le développement de l'hydrogène. “L'Algérie est un pays focal du monde de l'hydrogène. Avec 25% de l'ensoleillement mondial, elle est capable de produire de l'hydrogène et d'alimenter le monde entier”, a t-il dit. Représentante du MADR, Mme Ghazi Meriem, s'est penchée, elle, enfin, sur la sécurité alimentaire et le développement durable. Elle a rappelé dans ce contexte que la crise mondiale est due aux changements climatiques, à la croissance de la population, l'augmentation des frais de transport en raison des prix des hydrocarbures, et enfin les spéculations et les agrocarburants. “Si la situation alimentaire en Algérie n'est pas à la crise, car les ressources en hydrocarbures ont encore de beaux jours devant elles, a-t-elle justifié, la sécurité alimentaire, en revanche, est précaire car l'essentiel de nos produits est importé”. Principale cause de cette insécurité, le retard pris dans le développement du secteur agricole. Un secteur aussi soumis aux contraintes du sous-développement de son environnement social et économique. K. K.