Rien que pour les huit premiers mois de l'année en cours, les importations de l'Algérie en céréales et produits céréaliers ont atteint 2,65 milliards de dollars, contre 1,1 milliard durant la même période de 2007. Au grand bonheur des pays importateurs de blés, comme c'est le cas pour l'Algérie, les cours de ce produit ont connu, ces derniers mois, une baisse importante et ce, sur les principaux marchés européens et américains. Bien que la qualité, selon des sources au fait du dossier, ne soit apparemment pas au rendez-vous pour beaucoup de pays producteurs, la production mondiale a atteint en volume des quantités qui ont énormément pesé sur les cours. La crise financière internationale aidant, les prix ont flanché sous le poids d'une moisson record et de la reconstitution des stocks. La tendance qui a débuté, il y a quelques semaines, se confirme et, selon les spécialistes, elle est appelée à perdurer, vu que les paramètres ayant contribué il y a des mois à une augmentation des cours suivent actuellement une courbe opposée, tirant les prix vers le bas. La production mondiale de blé devrait s'afficher, selon le CIC (Conseil international des céréales), à 672 millions de tonnes contre 609 l'an passé. Inévitablement, ces 63 millions de tonnes supplémentaires ont engendré un net repli des cours même si le ratio stock/utilisation au niveau mondial ne progressait que de quelques points à 22%, soit un niveau toujours très inférieur aux années 2000 à 2006. Sur la plupart des marchés, la baisse des cours oscille entre 23 et 30%. Sur les marchés américains la baisse est encore plus importante atteignant un pic de 60%. Ce qui est loin d'être négligeable, surtout pour un aussi gros consommateur comme l'Algérie qui s'est déjà engagée sur les marchés pour assurer ses approvisionnements. Le volume des importations de blé pour cette année seront considérables, vu que la production locale a connu une nette baisse à 2,1 millions de tonnes contre 4,5 millions de tonnes durant la récolte de l'année dernière. Ces importations avoisineraient les 5 millions de tonnes, nécessaires pour faire face aux besoins de consommation, mais aussi consolider les stocks stratégiques. La tendance du marché va donc contribuer à réduire quelque peu la facture destinée aux importations de ce produit de large consommation. Rien que pour les huit premiers mois de l'année en cours, les importations de l'Algérie en céréales et produits céréaliers ont atteint 2,65 milliards de dollars, contre 1,1 milliard durant la même période de 2007, selon les statistiques douanières. Cette hausse substantielle de plus de 1,54 milliard de dollars, soit plus de 140%, est attribuée à la flambée des cours de l'ensemble des céréales sur le marché mondial. À contrario, la baisse des cours internationaux, constatée ces dernières semaines, facilite la tâche à l'organisme étatique chargé de conduire les opérations d'importation. Et selon toute vraisemblance, les économies que l'Algérie va réaliser grâce à ces cours et à l'abondance du produit sur les marchés internationaux seront, sans nul doute, considérables. Jugeons-en. Le prix du blé est passé sur les marchés européens de 240 euros/t au mois de mars 2008 sur l'échéance novembre 2008 Euronext à moins de 170 euros/t aujourd'hui, soit une baisse de 30%. “Les prix sont très loin de ceux affichés durant le 1er semestre 2008”, relève une source proche de l'OAIC qui indique, cependant, que si la production est abondante, en termes de qualité, elle laisse à désirer, notamment pour ce qui est des blés d'Europe de l'est dont une bonne partie a été déclassée comme aliment de bétail. L'Algérie, habitués des marchés internationaux du fait de ses importations régulières, semble plus ou moins maîtriser les mécanismes de négociations afin de tirer profit de ce type de situation. Pour la production d'Europe de l'ouest, les spécialistes estiment que malgré des récoltes bien souvent tardives, la qualité des blés n'a pas été altérée et celle-ci s'affiche de manière très correcte permettant de contrer les pays de la mer Noire notamment (Russie, Kazakhstan, Ukraine) sur le marché export. Pour ce qui est de la cotation américaine des matières premières de Chicago, les prix du blé affichent des chutes de 23% depuis la mi-septembre. Le boisseau (environ 25 kg) de blé avait atteint le 27 février le montant de 13,4950 dollars contre environ 5,5 dollars cette semaine, soit une chute vertigineuse de 60%. Côté offre, la situation s'est améliorée cette année. Selon l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la production de céréales devrait progresser de 4,9% cette année, pour atteindre un niveau record, à plus de 2,2 milliards de tonnes. Autre élément d'inquiétude et d'incertitude sur les marchés : l'impact de la crise financière et donc de la crise économique sur la consommation. S'il semble relativement faisable de mesurer l'offre à travers les bilans de production mondiale, il est beaucoup plus difficile d'anticiper la baisse de la demande dans un contexte de récession économique notamment. H. Saidani