Sur le marché à terme de Chicago, les cours du blé ont atteint cette semaine des niveaux historiques, le boisseau de blé pour livraison en décembre dépassant les 9 dollars et le contrat de soja pour livraison en novembre est établi à 10 dollars. Depuis janvier, les prix du blé ont presque doublé, à la suite des mauvaises récoltes de plusieurs pays producteurs liées aux conditions météorologiques. Ceux du soja ont pris 48%. En revanche, ceux du maïs n'ont gagné que 4,5%. La récolte du soja et du maïs est encore en cours, mais les agriculteurs américains planifient déjà ce qu'ils vont semer la saison suivante. Sur la saison 2007, le maïs, première culture des Etats-Unis, s'était imposé de façon exceptionnelle, porté par la demande d'éthanol-carburant. Les surfaces de culture ont dépassé les 90 millions d'âcres (36 millions d'hectares), tandis que celles de blé et de soja se sont établies à 60 millions d'âcres. Néanmoins, les donnes risquent de changer. En effet, avec les prix du blé et du soja propulsés chaque jour à de nouveaux records, les agriculteurs devraient accroître les surfaces consacrées à ces deux cultures en 2008, au détriment du maïs et du coton, estiment les spécialistes du secteur. De son côté, le département américain à l'Agriculture (USDA) dévoilera les chiffres officiels d'intention de semis en janvier 2008 pour le blé d'hiver et en mars pour les autres cultures. Les agriculteurs commenceront à être interrogés en décembre, indique une porte-parole de l'USDA. Cependant, les analystes anticipent déjà une progression des surfaces emblavées, sans que celles-ci ne connaissent l'essor du maïs cette année. Selon les estimations de l'USDA, 8% de la récolte 2007 de soja ont été plantés à la suite d'une autre culture et cela devrait augmenter en 2008. La demande en blé émanant des pays émergents accroît de jour en jour. Les pays producteurs ont donc intérêt à augmenter leurs productions. En attendant, les prix continuent d'augmenter au détriment des pays importateurs qui voient leurs factures s'alourdir. C'est le cas de notre pays. L'Algérie, l'un des gros consommateurs dans le monde, a déjà acheté 800 000 tonnes de blé au début de ce mois auprès de divers pays fournisseurs. La production céréalière nationale étant déficitaire, l'Algérie a toujours eu recours à l'importation pour satisfaire les besoins du pays en blé. A titre illustratif, la production céréalière réalisée en 2007 a atteint 4,3 millions de tonnes, alors que la demande annuelle de consommation pour les céréales se situe entre 6 à 7 millions de tonnes. Le déficit est de l'ordre 3 millions de tonnes. Par ailleurs, selon les prévisions du Centre international des céréales (CIC), le volume des importations de l'Algérie cette année devrait atteindre les 5,1 millions de tonnes de blé, ce qui la place au 5e rang mondial. En 2006 le CIC tablait sur 4,8 millions contre 4,1 millions en 2005. Les prévisions du CIC ont été confortées par les données du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) relevant des Douanes nationales, qui révèlent que l'Algérie a déjà importé 2,53 millions de tonnes de blé au premier semestre de l'année en cours, contre 2,67 millions de tonnes durant la même période de l'année dernière. La facture d'importation de blé pour l'année 2007 atteindrait un milliard de dollars d'après les prévisions des autorités.