Le niveau des stocks de céréales à la fin d'une campagne donne une idée de celui des prix au cours de la suivante. Or, les spécialistes prévoient justement que 2008/2009 va s'achever avec des niveaux de stocks de blé en nette hausse. En France 3,5 millions de tonnes et en Europe 22 millions de tonnes. En début de campagne, ils s'établissaient respectivement à 2,5Mt et à 13Mt. Pour l'orge, les stocks annoncés sont de 2,5Mt pour la France contre 700 mille tonnes un an auparavant. Nous parlons de la France parce qu'elle fait partie des grands pays producteurs de blé et premier fournisseur de l'Algérie, gros pays consommateur. Par ailleurs, la consommation mondiale de céréales, et de blé en particulier, est en berne, que ce soit pour l'alimentation animale ou humaine. Aussi une récolte moyenne de blé ne laisse augurer aucune perspective de réduction des stocks et par conséquent de tension sur les prix, assurent les spécialistes. En d'autres termes, nous ne sommes pas dans une logique de manque de céréales dans les 18 prochains mois. Autrement dit, la campagne 2009/2010 sera très vraisemblablement une campagne neutre. Il faut dire, toutefois, que la crise et les dévaluations monétaires en Russie et en Ukraine réduiront davantage, dans les prochains mois, les opportunités pour l'Europe, et la France en particulier, d'exporter massivement dans le bassin méditerranéen. Une concurrence accrue s'annonce. La tonne de blé en provenance de la mer Noire est d'ores et déjà inférieure de dix dollars au blé européen. Et du côté chinois, il faut s'attendre à ce que l'Empire du milieu ne fasse pas appel, comme par le passé, à des importations massives de blé pour satisfaire une demande intérieure. La production chinoise pourrait être suffisante pour satisfaire la demande intérieure. En tout cas, en ce qui concerne l'Algérie, ses importations proviennent principalement de l'Europe particulièrement de la France. Elle reste ainsi un client fidèle de l'Europe.La majorité des approvisionnements de l'Algérie, en blé notamment, provient de l'Union européenne. Outre le blé, qui occupe la quasi-totalité des importations céréalières du pays, l'Algérie continue d'importer également des quantités conséquentes en maïs utilisées principalement dans l'alimentation du bétail. En 2008, le volume acheté auprès des marchés mondiaux a atteint 2,14 millions de tonnes pour 655 millions de dollars, contre 2,28 millions de tonnes pour 517 millions de dollars 2007. La facture céréalière globale de l'Algérie a clôturé l'année 2008 avec 3,96 milliards de dollars, contre 1,97 milliard de dollars en 2007, soit une hausse de plus de 100,6 %, au grand bonheur, malheureusement, des pays producteurs de céréales, pendant que la facture alimentaire de l'Algérie continue à grever lourdement le budget de l'Etat. L'Algérie va continuer encore à subir les fluctuations des prix sur le marché mondial, particulièrement le marché européen. Si en Europe, l'on s'inquiète pour le devenir des filières céréalières faute de débouchés, en Algérie, la réflexion sur les mécanismes d'amélioration des rendements agricoles de cette filière ô combien stratégique peine à aboutir à des mesures concrètes, capables de drainer des résultats palpables sur le terrain. Pourtant, la conjoncture économique s'annonce difficile pour le monde entier. Nous sommes à l'ère du déclin des énergies fossiles et la dégringolade des prix du pétrole, principal pourvoyeur de devises pour l'Algérie avec. Autrement dit, le temps presse pour trouver d'autres alternatives. Seul le secteur agricole est capable de créer de la richesse pour un pays comme l'Algérie. Dalila B.