Ils se sont attaqués au ministère de l'Intérieur qui a nommé des administrateurs pour gérer les camps des sinistrés. Les députés sont en colère. En colère contre les autorités et à leur tête le président de la République, coupable, d'après eux, d'avoir mis sur la touche les élus locaux dans la prise en charge des sinistrés du séisme qui a frappé Boumerdès et Alger. Hier, à l'assemblée populaire nationale, il y avait consensus entre les différents groupes parlementaires, autour de ce “chef d'inculpation” contre les autorités. Et à l'unisson, ils ont dit basta ! Ils ont longuement et parfois, bruyamment, réclamé le droit aux élus locaux d'exercer leurs droits : participer à l'effort collectif de gestion de la catastrophe. De ne pas marginaliser les maires dans la prise en charge des affaires de leurs APC, à plus forte raison en ces douloureuses circonstances. C'est que le terrible tremblement de terre aura déteint sur le débat du programme du gouvernement à l'APN. On eut dit que c'était le principal sujet. Quasiment toutes les interventions des chefs des groupes parlementaires ont été entamés par les condoléances et les recueillements et closes par une avalanche de plaintes et de dénonciation, notamment par rapport au “monopole” de l'action de solidarité par les pouvoirs publics. Sur ce point précis, l'intervention du chef du groupe parlementaire du FLN, aura été le clos de la séance d'hier. Abasse Mekhalif a, en effet, poussé un véritable cri de cœur, une grosse plainte contre ce qu'il appelle “l'embargo sur les élus”. Visiblement dépité par cette question, le député du parti de Ali Benflis a haussé le ton pour marquer la profonde désapprobation de son parti de ce que ses élus et ceux des autres formations politiques soient tenus à l'écart dans la gestion de l'après-séisme. Il vide son sac : “C'est une violation flagrante de la loi”, tonne Abasse Mekhalif dont l'intervention a eu droit à une standing ovation. Pour lui, cette tentative de marginaliser les élus par “la tutelle, vise à salir leur réputation”. Applaudissements nourris des députés, y compris ceux des autres partis qui marquent leur soutien à ce réquisitoire contre les autorités. Le chef du groupe parlementaire du FLN, est convaincu que cette façon de faire “est un dérapage dangereux, par ce que le peuple est la source du pouvoir”. Façon à lui de dire que les P/APC ont été élus par le peuple, contrairement aux administrateurs dépêchés sur les lieux de la catastrophe. L'allusion est clairement faite au ministre de l'intérieur qui s'est empressé d'envoyer des walis délégués et des SG des autres wilayas à Boumerdès et à certaines communes d'Alger touchées par la tragédie. Il en veut d'autant plus que même les députés et les ministres du front de libération national aient été empêchés de prendre des initiatives de nature à aider les sinistrés. Le mouvement El Islah trouve, lui aussi “bizarre cette campagne contre les élus locaux”. Le président de son groupe parlementaire dénonce tout de go “le monopole de la solidarité” est de s'interroger pourquoi les responsables de l'administration n'on pas mis leurs mains à la poche pour venir en aide aux sinistrés. Abderazak Mokri du MSP est également sur la même longueur d'onde. Lui, ne comprend pas pourquoi les pouvoirs publics “doutent” de toutes les initiatives en pareilles circonstances. Il fera remarquer que les élus locaux ont devancé les organismes de l'Etat dans l'acheminement des premiers secours. Le chef des députés du parti de Nahnah, à lui aussi, haussé le ton pour s'interroger “à quoi servent les élus ?”. Incisif, Mokri décoche une fléchette en direction du président Bouteflika et ses partisans en relevant l'exploitation des moyens de l'Etat dans cette catastrophe en prévision de la présidentielle. Au gouvernement, le représentant du MSP demande une chose : “appliquez la loi !.” Les indépendant, eux, proposent une idée originale pour régler cette histoire des élus dépouillés de leurs prérogatives : l'organisation d'une réunion entre les présidents des APC des 52 communes sinistrées et tous les ministres concernés par les opérations de relogements et de restauration des édifices détruits. Pour le chef de ce groupe parlementaire, la conjoncture recommande de dépasser les “querelles et les calculs politiques”. Miloud Chorfi du RND, lui, s'est contenté de saluer le gouvernement pour les mesures d'urgence qu'il a prises en remerciant au passage les corps de sécurité, les élus, les organismes de secours et les simples citoyens pour leurs efforts. Le chef du groupe parlementaire du RND n'a pas jugé utile de se prononcer sur cette grosse polémique sur le rôle des élus locaux, qui aura incontestablement relégué au second rang l'examen et la critique du programme du gouvernement. H. M.