À Djanet, un groupe de citoyens se sont rassemblés dimanche à hauteur de K'sar El-Mihan, un des quartiers les plus sérieusement touchés par la dernière crue, pour dénoncer les mauvaises conditions de leur prise en charge par les autorités. À Djelfa, c'est l'annulation d'un gala, programmé à l'occasion de la traditionnelle fête du mouton, qui a dégénéré en affrontements. Il a fallu annuler un gala de musique programmé sur l'esplanade du siège de la wilaya, à l'occasion de la fête du mouton, avant-hier soir, pour que tout bascule dans la violence et le vandalisme à Djelfa. Il était 21h30 quand des centaines de jeunes s'impatientaient sur la grande placette du siège de la wilaya. Dès l'annonce de l'annulation du concert, les jeunes se sont déchaînés, et la confrontation avec les services de l'ordre a commencé : véhicules saccagés, personnes agressées… la tension s'est installée en l'espace de quelques minutes dans la ville sous les jets de pierres. Les commerçants ont tous baissé rideau. Les émeutiers, qui n'ont pas réussi à investir les locaux de la wilaya, se sont dirigés vers le centre-ville où ils ont provoqué une vraie panique. Le nombre réduit des services de sécurité n'aurait pu venir à bout des manifestants sans la mobilisation et la vigilance de plusieurs citoyens pour protéger leurs biens. C'est le cas de l'hôtel El-Amir, à quelques mètres du siège de la sûreté de la wilaya, qui a failli être endommagé… Les employés de cet établissement se sont armés de barres de fer pour dissuader les jeunes en effervescence qui s'en sont pris aussi aux sièges du commissariat et de la cour de justice. Vers minuit, un calme “précaire” était pourtant revenu au moment où les éléments de la Sûreté nationale procédaient à des arrestations, une personne, alors que plusieurs blessés ont été hospitalisés dont 4 policiers. Les dégâts matériels sont réduits malgré l'ampleur de la protesta. Les personnes appréhendées seront présentées demain devant le procureur de la République près le tribunal de Djelfa. Selon des sources sûres. En revanche, le programme de la fête du mouton, qui aurait coûté près de 5 milliards de centimes, selon des indiscrétions, devrait commencer aujourd'hui. Cette fête qui a été organisée par la wilaya de Djelfa sous le haut patronage du ministère de l'Agriculture a disparu du calendrier des fêtes locales depuis une dizaine d'années. L'actuel wali de Djelfa, qui prit l'initiative de faire revivre cette tradition en lui donnant, entre autres, une dimension économique, subit la critique de plusieurs députés qui ont boycotté les festivités en signe de protestation. Certains se sont même déplacés de café en café pour mener une “pseudo-campagne” contre le premier responsable de la wilaya. D'autres élus locaux ont, pour leur part, reproché à l'administration de vouloir “récupérer” cette fête pour son intérêt. “La fête du mouton est une fête propre à la ville de Djelfa, elle ne peut pas être la fête de toute la wilaya”, nous a déclaré un élu de l'APC de Djelfa. Par ailleurs, d'autres élus ont regretté que “des centaines de millions de centimes soient dépensés à tort et à travers au moment où des centaines de familles meurent de faim et que des milliers de jeunes sont au chômage…” Entre ceux qui ont apprécié le retour de la fête du mouton dans la capitale de la steppe et ceux qui l'ont rejetée, des luttes de clans refont surface : règlements de comptes pour certains, trafic d'influence pour d'autres. Les jeunes en quête de travail et d'assistance se trouvent souvent prisonniers d'une mafia qui ne dit pas son nom, infiltrée aussi bien dans l'administration que dans les quartiers les plus populaires de Djelfa. LOTFI G. Des émeutes ont éclaté, dimanche, a Djanet Colère des sinistrés Un mouvement de protestation a ébranlé, avant-hier, la ville de Djanet entre 12h et 17h, la sortant de sa torpeur estivale. Un groupe de citoyens de tout âge et des deux sexes se sont, en effet, soulevés à la mi-journée, ce dimanche, à hauteur de Ksar El-Mihan et des quartiers environnants, sévèrement touchés par les dernières inondations, pour exiger une prise en charge concrète et urgente de leur situation. “L'action de protestation s'est déclenchée vers midi. Des citoyens ont barré la route avec leurs effets et leurs affaires maculés de boue suite aux dernières intempéries”, témoigne un habitant de Djanet joint, hier, par téléphone. “Certains citoyens à qui on avait donné des matelas usés, réservés à des camps de réfugiés, ont brûlé ces matelas à même la chaussée”, a ajouté notre interlocuteur. Policiers et gendarmes ont aussitôt été mobilisés, mais il n'y a pas eu de heurts entre les manifestants et les forces de l'ordre, est-il utile de signaler. Les émeutes, pacifiques, ont duré jusqu'en fin d'après-midi. La route principale de Djanet a été ainsi coupée à la circulation durant plusieurs heures. Joint par téléphone, un responsable de la daïra de Djanet, qui a requis l'anonymat, nous a déclaré à propos de ces évènements : “Il s'agit d'une action de protestation à caractère pacifique à laquelle ont pris part des jeunes, des vieux, des jeunes filles et femmes et des femmes âgées, et par laquelle ces citoyens ont voulu faire entendre leur voix. Ce sont des sinistrés qui se sont soulevés en raison de la mauvaise prise en charge de leur situation de la part des autorités.” L'on apprendra qu'une réunion a eu lieu entre le maire de Djanet et les insurgés en milieu d'après-midi. Les sinistrés ont désigné quatre représentants, indique-t-on, et ceux-ci se sont réunis avec le P/APC de 15h à 16h. Les sinistrés ont exprimé leurs doléances en exigeant la présence immédiate du wali et en insistant pour que des solutions concrètes leurs soient proposées. La promesse leur a été faite que celui-ci, et le président de l'APW d'Illizi se déplacerait à Djanet. À l'issue de ce conclave, la route a été ouverte et l'oasis a retrouvé son calme. Les sinistrés ont toutefois menacé de revenir à la charge si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Mustapha Benfodil