Si les organisateurs du 13e Sila prônent “la maturité”, c'est sans doute aussi parce que la précédente édition a été un fiasco des plus total : absence de beaucoup d'invités ainsi que des prix littéraires (à part celui des libraires), scandale Benchicou et fermeture du stand des éditions Inas, horaires des cafés littéraires et des conférences non respectés, sans parler de la très mauvaise distribution de la revue du salon — péché véniel au regard des deux premiers, mais fait significatif. Pourtant, tenu du 31 octobre au 9 novembre 2007, dans une atmosphère propice à l'échange, puisque le 12e Sila coïncidait avec la manifestation de “Alger, capitale de la culture arabe”. Cette édition a également battu des records d'affluence recevant ainsi près de 400 000 visiteurs payants, et enregistrant la participation de 407 maisons d'éditions étrangères dont 120 nationales, avec une moyenne de 82 000 titres, ce rendez-vous livresque n'a pas tenu toutes ses promesses, loin sans faut. En fait, après une visite mouvementée, dans le tumulte et la désorganisation, du président de la République à l'inauguration, le Sila, qui représente l'un des évènements les plus majeurs et importants de la scène culturelle algérienne, a ouvert ses portes au public. D'emblée, les problèmes ont commencé et ne se sont pas arrêtés. On notera très vite l'absence de beaucoup d'invités pourtant figurant dans le programme, notamment les deux personnalités les plus attendues du Sila, à savoir l'écrivain égyptien Alaâ Al-Aswany et le philosophe et historien Mohamed Arkoun. Ces absences ont affecté la réputation du salon et amoindri sa crédibilité. Ces rendez-vous manqués ont contraint les organisateurs à la déprogrammation de certaines rencontres. Et comme l'Algérien a un réel problème avec le temps, les horaires des cafés littéraires n'ont presque jamais été respectés. Les vrais invités d'honneur du 12e Sila, comme ceux des 11e et 10e, ont été… les cartons qui ont bloqué les stands et la circulation des acheteurs boulimiques (à défaut de l'être en lecture) et qui ne lésinent souvent pas sur les moyens. Livré à lui-même, le public mal informé, a eu d'énormes problèmes de circulation et d'orientation, puisque les programmes ainsi que la revue, supposée quotidienne, ont été peu ou mal distribués. Du point de vue de la thématique, le salon a semblé marquer une nette amélioration. “Libertés et imaginaire” sont deux concepts primordiaux en littérature, d'autant plus que l'écriture en Algérie a toujours constitué un acte de subversion et de lutte pour toutes sortes de libertés. Les organisateurs ont appliqué complètement le contraire de l'ambitieuse thématique. Ils ont réprimé les libertés et fait preuve d'aucune imagination en fermant le stand des éditions Inas du libraire algérien Ouadi Boussad. Cet incident a fait l'effet d'une bombe et a partagé les avis. Son seul crime a été d'éditer deux ouvrages apparemment subversifs : les Geôles d'Alger, du journaliste Mohamed Benchicou, et la Dignité humaine, de l'ancien président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, Ali Yahia Abdenour. La fermeture du stand Inas a constitué un véritable scandale. Outre les frasques de la désorganisation, le Salon du livre ne sanctionnait pas l'acte d'écrire, au même titre qu'il ne le récompensait pas. À part le Prix des libraires qui a alimenté une polémique l'année dernière en récompensant l'écrivain Rachid Boudjedra pour son livre Hôtel Saint-George, il n'y avait pas d'autres récompenses. Les organisateurs ont remédié à cela en créant 7 prix cette année. En attendant un prix pour l'organisation, croisons les doigts ! Le 13e Sila ouvre ses portes aujourd'hui. S. K.