Le P-DG de l'ANEP, également président du comité d'organisation du Sila, nous révèle, dans cet entretien, les principales dispositions prises pour faire de ce rendez-vous un salon professionnel du livre. Liberté : Vous avez tenu récemment une conférence de presse durant laquelle vous avez évoqué “le règlement intérieur du Sila” qu'il faudra suivre à la lettre. De quoi s'agit-il précisément ? M. Boucenna : Cette année, l'effort a résolument été mis pour valoriser l'auteur, l'éditeur et le lecteur, à la faveur d'un nouveau règlement intérieur limitant la participation aux seuls éditeurs, qui pourront faire bénéficier de l'exonération fiscale consentie durant le salon aux seuls lecteurs. Nous avons également introduit de nouvelles dispositions qui font que chaque éditeur ne pourra désormais exposer et vendre que les livres qu'il édite. L'une des nouveautés du Sila 2008 stipule que les éditeurs devraient se contenter de vendre leur édition et en quantité bien déterminée. Pourquoi cette limitation ? En ayant à cœur de privilégier la qualité plutôt que la quantité, le Sila 2008 verra pourtant exposer quelque 120 000 ouvrages contre 80 000 l'an dernier. Cela s'explique par le fait qu'en introduisant des limites dans les quotas, nous encourageons singulièrement les nouveautés à partir du moment où chaque éditeur aura la possibilité d'exposer 100 exemplaires pour les nouveaux ouvrages, seulement 50 exemplaires pour les œuvres parues dans les cinq dernières années et cinq exemplaires pour les plus anciennes publications. Ne craignez-vous pas qu'il puisse se produire une rupture de stock sur un produit à succès par exemple ? Nous voulons faire du rendez-vous d'Alger un Salon du livre plutôt qu'une foire. Parler de prime à la qualité, c'est aussi éviter les “soldeurs” et en finir avec la vente en gros. Notre pari tient autant dans la diversité des éditeurs accueillis et des ouvrages proposés à la vente que dans l'effort consenti au chapitre des animations avec un colloque, plus de 40 cafés littéraires, des hommages, une multitude de ventes-dédicaces, des ateliers dans l'espace Mezzanine… Le Sila 2008 est l'édition de la maturité comme qualifiée par vous-même. Est-ce que les organisateurs ont pensé à des dispositions autres que celles révélées déjà pour s'assurer la totale réussite de cette édition “test” si on peut l'appeler ainsi ? Il nous a fallu être rigoureux avec les participants, sur les conditions et les dates d'inscription au salon, sur les dates d'expédition et d'arrivage des ouvrages. S'agissant du choix des livres exposés, un comité interministériel a été installé qui a veillé à cela. Nous avons obtenu des Douanes algériennes qu'elles nous prêtent main forte pour faciliter les procédures. Nous avons aussi à innover avec la création de plusieurs prix du Sila qui seront remis lors d'une cérémonie durant le salon. Vous avez avancé 400 exposants. Sont-ils tous éditeurs ? Et que comptez-vous faire pour gérer ce nombre important et éviter le phénomène de foire et à aspirer à un salon professionnel ? Depuis la Xe édition, nous essayons d'imposer la notoriété du Sila tout en visant sa professionnalisation. Je pense que nous allons poursuivre dans le sens d'un resserrage du nombre des exposants en travaillant à encourager et développer les opportunités de cessions de droits, de traductions, de rééditions. C'est le Salon du livre par excellence. Cela signifie-t-il que nous ne verrons plus les étalages de CD, K7 et autres supports comme c'était le cas lors des éditions précédentes ? Nous avons pris le temps de réfléchir à cette question et en dehors du fait que toute vérification de grands lots de CD est aussi fastidieuse qu'aléatoire ; accueillir des CD et autres K7 audio veut aussi dire ouvrir la porte à de nombreux types d'enregistrement sur ce support qui nous éloignent de notre public cible, à savoir d'abord des lecteurs. Sans compter les nuisances sonores générées par les promotions sauvages dans un environnement que nous voulons laisser propice à la lecture et à la réflexion. Vous nous avez habitués lors des précédents Sila à des invités de marque du monde de la littérature et autres. Que nous réservez-vous pour cette fois-ci ? L'un des clous de cette édition tient à un colloque qui aura lieu le 2 novembre à l'hôtel Hilton sur le thème de “Monde arabe et Occident : choc des civilisations ou stratégies d'hégémonie ?” modéré par Mustapha Chérif, ce rendez-vous aura lieu en présence de l'économiste et ancien ministre libanais Georges Corm, du géopolitologue Pascal Boniface, du journaliste et directeur-adjoint du Monde diplomatique Alain Gresh, et du démographe et ancien expert des Nations unies Youssef Courbage. Des hommages seront rendus quotidiennement à de plusieurs personnalités, comme Mahmoud Darwish et Aimé Césaire. Avec l'Afrique du Sud à l'honneur, le Sila recevra l'écrivain Mandla Langa qui fut aussi conseiller culturel de Nelson Mandela. Ceci sans compter le mathématicien et chercheur Ahmed Djebbar, l'historien de l'Islam médiéval Houari Touati, l'écrivain et président de l'Union des écrivains palestiniens El-Moutawakel Taha, la journaliste italienne Juliana Sgrena et Jacques Vergès qui n'est plus à présenter. N. S.