Le P-DG de l'Anep réitère sa ferme opposition quant aux livres jugés «subversifs»... «On n'a jamais dit que c'était un Salon parfait», fera remarquer hier, à la presse, Abdelkader Khomri, P-DG de l'Anep et président du comité d'organisation du 8e Salon international du livre, qui s'est tenu récemment du 18 au 28 septembre au palais des Expositions, aux Pins-Maritimes (Safex), et ce, en réponse aux critiques. Accompagné de Radia Abed, présidente du SPL, de Lazhari Labtar, responsable des éditions Anep, et du responsable de la librairie El-Ghazali, membre de l'association des libraires algériens. M.Khomri a tenu à présenter le pré-bilan du 8e Salon qui, pour rappel, a regroupé 450 éditeurs répartis entre 217 éditeurs arabes et 158 éditeurs européens, en plus d'un canadien. En plus de 74 éditeurs algériens. Notons que les maisons d'édition arabes étaient présentes avec 74.336 titres et 14.254 concernant les maisons d'édition européennes, en plus de la maison d'édition canadienne. Le total des recettes provenant des livres vendus est de l'ordre de plus de 12 milliards de centimes, soit une augmentation de plus de 8 milliards de centimes par rapport à l'année dernière. En attendant le bilan plus détaillé qui sera rendu public dès que le comité d'organisation, qui s'y attelle, le finalise, M.Khomri s'est félicité d'emblée de la réussite de cette manifestation qui traduit pour lui «un bon signe de la société qui renoue, après des années de terrorisme, avec la normalité, notamment avec les institutions du savoir et donc le livre», et de souligner: «Ce Salon a été un apport comme instrument aidant et contribuant à la normalisation de notre pays.» M.Khomri mettra l'accent sur les grands efforts consentis par les organisateurs en vue de réaliser les objectifs qu'ils se sont assignés pour la consécration de ce Salon et son inscription dans l'agenda international des grandes manifestations de ce genre, soit la réhabilitation de l'élite par la symbolique de l'hommage à Dib, dont le Salon lui a été dédié, la consécration d'un espace jeunesse, de convergence et de rencontres conviviales à des personnalités marquantes de la culture, de la littérature ainsi que des professionnels du livre qui ont pu enrichir leurs connaissances et leur savoir-faire, lors des rencontres professionnelles avec leurs homologues étrangers. «L'Algérie a gagné en remettant les choses à leur place et dans leur contexte. Les amis fidèles de l'Algérie ont pris en considération que la relation est stratégique de pays à pays», a avoué Khomri. Malgré la cherté des livres, Khomri affirme: «Les Algériens ont acheté», et de justifier cela par la confirmation de plusieurs maisons d'édition, notamment une belge qui «a vendu en trois jours plus qu'elle ne fait en dix jours». Le P-DG de l'Anep fera remarquer la forte affluence du public qui a bénéficié d'un large choix de livres y compris parmi les nombreux nouveaux titres exposés. A propos des livres qui ont été retirés du Salon car jugés subversifs par le comité de contrôle de coordination avec le ministère de la Culture, M.Khomri réitère sa nette position interdisant tout ouvrage faisant l'apologie de la violence et du terrorisme d'entrer au Salon. En citant le cas des trois livres d'Abdelhamid Brahimi, il qualifiera ces écrits de manque de respect grave aux Algériens. Le «bâclage» du comité de contrôle est justifié, selon lui, par le nombre impressionnant de livres qu'il devait «inspecter», et de fustiger: «Si vous considérez qu'interdire les livres d'Abdelhamid Brahimi relève de la politique de la censure, soit! Je suis avec la politique de la censure et je l'assume!» M.Khomri prendra comme exemple pour justifier ses actes, la France dont les livres «qui traitent notamment de l'antisémitisme et de la pédophilie sont prohibés». Et de conclure ce chapitre: «Je ne peux cautionner ce genre de livres au nom de la démocratie.» A propos des livres de Metref qui ont été réquisitionnés puis remis dans les étalages, Khomri mettra cela sur le coup du malentendu. «Je suis personnellement intervenu pour régler les choses. Metref est un ami et les choses sont vite rentrées dans l'ordre.» A propos de la quasi-absence du livre pour enfants, le président du 8e Sila relèvera, pour sa part, l'absence de ce genre d'ouvrages sur le marché même. «Est-ce que ce Salon peut régler tous les problèmes», se demandera-t-il. La conférence de presse a été également l'occasion pour Radia Abed d'exposer le problème de la taxe douanière qui revient chère aux libraires, aux imprimeurs et, par ricochet, aux éditeurs et qui discrédite ainsi en premier lieu le lecteur, victime de cette situation malgré lui. En raison du nombre élevé d'éditeurs, M.Khomri a mis l'accent, en outre, sur la nécessité aujourd'hui de réfléchir à un grand palais d'expositions adapté à toutes les données d'expositions culturelles et multimédias. Il annoncera enfin la date du 9e Sila qui se tiendra du 16 au 26 septembre 2004 à la Safex, qui sera scindé en deux parties, cette fois-ci. A l'intérieur du Salon traditionnel, un autre consacré aux supports multimédia sera destiné aux enfants.