La Constitution, que s'apprêtent à adopter les parlementaires des deux Chambres réunies, ne serait pas pleinement satisfaisante aux yeux de Belkhadem. On le devine, il ne s'agit, ici, ni de sauver l'alternance ni de respecter la souveraineté populaire. On le sait et cela se comprend aisément : la Constitution concoctée par le chef de l'Etat ne plaît pas aux partisans de l'alternance au pouvoir. Ces derniers estiment que le projet du Président foule aux pieds un principe démocratique cardinal, une règle fondamentale du jeu politique. Ledit projet n'est pas, non plus, du goût de ceux qui pensent qu'une révision de la loi fondamentale doit nécessairement passer par un référendum populaire. Leur argument est tout aussi compréhensible : un amendement de la Constitution est considéré, en principe, comme un des moments forts où doit s'exprimer la souveraineté populaire. Mais, fait inattendu, voire curieux, la liste des mécontents semble s'étendre jusque dans les rangs du FLN, le parti du Président. Car la Constitution, que s'apprêtent à adopter les parlementaires des deux Chambres réunies, ne serait pas pleinement satisfaisante aux yeux de Belkhadem. On le devine, il ne s'agit, ici, ni de sauver l'alternance ni de respecter la souveraineté populaire. En effet, si le secrétaire général du FLN ne manque pas de saluer l'initiative du chef de l'Etat, il se dit attaché à “une révision profonde de le loi fondamentale”, insinuant que celle projetée par Abdelaziz Bouteflika, présentée comme “partielle et limitée”, ne répond pas aux attentes. Ce que veut Belkhadem, c'est une constitution qui consacre “la séparation des institutions, l'Exécutif et le législatif”, mais surtout, indique-t-il, une constitution qui “clarifie la relation entre les deux Exécutifs”, comprendre entre le chef de l'Etat et le Chef du gouvernement. Or, toutes ces “préoccupations” seraient, selon toute vraisemblance, prises en charge dans les amendements proposés étant donné qu'elles constituent l'essentiel de l'exposé des motifs du projet présidentiel. Les changements envisagés étant soigneusement tenus secrets, Belkhadem serait sans doute en train de faire bon usage de ce black-out dans sa guéguerre contre le RND qui, par la voix de Ouyahia, s'est toujours opposé à une révision constitutionnelle dont le FLN serait le concepteur. Mais pas seulement : il faut certainement prendre au sérieux le vœu de Belkhadem de voir la Constitution remaniée “plus profondément” de sorte à mieux asseoir les préceptes idéologiques qui sont les siens, et qui ne recoupent pas toujours ceux de son “frère ennemi” de l'Alliance présidentielle. S. C.