La lune de miel entre lui et les citoyens algériens semble vouloir durer pour un temps encore. Il n'est pas nécessaire de lire dans le marc de café pour arriver à cette conclusion. Abdelaziz Bouteflika, dès son accession à la magistrature suprême en 1999, a dit tout haut ce qu'il pensait de la Constitution algérienne actuelle. Si elle ne l'incommodait pas, il n'en était pas non plus entièrement satisfait. Le moment est-il donc venu pour procéder à son «toilettage»? Depuis sa désignation par le chef de l'Etat à la tête du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem a, sans relâche, défendu l'idée d'un projet de révision de la loi fondamentale. Ce qui avait déjà à l'époque, dès avril 2005, provoqué des remous au sein de l'Alliance présidentielle. Le Rassemblement national démocratique (RND), a, pendant longtemps, fait de la résistance alors que le Mouvement de la société pour la paix (MSP), continue à entretenir le suspense jusqu'à l'heure actuelle. Il est vrai que le président Bouteflika, ne s'est pas encore prononcé sur la question. Bien que, le 13 novembre 2007, le chef de l'Etat avait, à la veille du sommet entre l'Algérie et l'Italie qui a eu lieu en Sardaigne, accordé une interview à l'agence de presse italienne Ansa qui l'avait interrogé sur l'après-2009. Le président de la République algérienne avait répondu en ces termes: «Je souligne tout de même mon attachement au respect en toutes circonstances de la souveraineté du peuple algérien et des modalités démocratiques par lesquelles elle doit s'exprimer», a tenu à préciser Abdelaziz Bouteflika. Suivez mon regard, semble-t-il dire: s'il doit briguer un troisième mandat, le président de la République se soumettra à la volonté populaire. Il est difficilement concevable après une telle déclaration que la révision de la Constitution, au cas où elle aurait été décidée, se fasse par une autre voie que celle du référendum. Lorsqu'il y va de l'avenir et du devenir de la nation, le président de la République n'a jamais hésité à consulter le peuple algérien. Ce fut le cas pour la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui a été adoptée en septembre 2005. Une initiative lancée par Abdelaziz Bouteflika au cours de la même année. Il est fort à parier donc que la campagne médiatique menée tambour battant par le Front de libération nationale en faveur d'un 3e mandat pour le chef de l'Etat, ne connaîtra son issue qu'à travers la souveraineté populaire. Comment pourrait-il en être autrement? Il existe effectivement une autre possibilité d'amender le fameux article 74 de la Constitution qui limite à deux les mandats de la magistrature suprême. Il s'agit de réunir les trois quarts de l'Assemblée nationale populaire et du Sénat. C'est ce que stipule l'article 176 de la loi fondamentale «...Le président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle sans la soumettre à référendum populaire si elle a obtenu les trois quarts (3/4) des voix des deux chambres du Parlement». L'opération est mathématiquement réalisable. Le projet de révision de la Constitution trouve de plus en plus de faveur au sein de partis politiques siégeant au sein de l'APN. Le Parti des travailleurs ainsi que le Front national algérien n'y voient pas d'inconvénient, y compris les indépendants. Mais, voilà, le président de la République prendra-t-il le risque d'amender l'article 74 de la Constitution en s'appuyant sur une APN élue dans les conditions que l'on sait? Cela aurait de toute façon pour conséquence de donner du grain à moudre à ceux qui sont opposés à plus de deux mandats présidentiels. On voit mal M.Abdelaziz Bouteflika briguer une troisième magistrature grâce aux voix d'un Parlement considéré en mal de légitimité par certains. Aussi, il ne fait pas de doute que le chef de l'Etat ferait alors appel au peuple pour se prononcer par référendum. Après avoir été élu avec plus de 84% des voix en 2004, le chef de l'Etat a, sans aucun doute, déjà écarté la thèse selon laquelle il se ferait adouber par le seul Parlement. Et puis, la lune de miel entre lui et les citoyens algériens semble vouloir durer.