Depuis le début de la campagne électorale, les sondages donnent Barack Obama vainqueur de ce scrutin et le dernier en date crédite le candidat démocrate de 11 points d'avance. Les jeux sont-ils déjà faits ? Ce n'est pas l'avis de John McCain déterminé à démentir les pronostics. C'est aujourd'hui que la majeure partie des Américains se rendront aux urnes pour désigner le successeur de George Bush, après les vingt millions qui ont voté par anticipation dans les Etats qui le permettent. Si l'on se fie aux résultats des quelque 200 sondages des six dernières semaines, le candidat républicain est donné perdant d'avance. Mais personne ne se hasarde, y compris dans le camp démocrate, à dire que les jeux sont faits. D'ailleurs, même les analystes adoptent cette position en raison de plusieurs facteurs qui viennent tempérer les pronostics des sondages. En effet, la complexité du mode de scrutin américain fait qu'il est quasi impossible de s'assurer de l'avantage d'un des deux postulants avant les résultats définitifs. En outre, la méthodologie des sondeurs est également parfois mise en cause. Ces derniers surestimeraient la participation des Noirs et des jeunes. C'est du moins ce que pense le camp républicain, qui estime que la participation à l'élection devrait bien être importante, mais ce sont toutes les catégories d'électeurs qui vont se mobiliser, et cela devrait atténuer l'importance du vote noir. Toujours, dans le cadre du vote noir, il y a lieu de se remémorer l'"effet Bradley", du nom de Tom Bradley, l'ancien maire noir de Los Angeles qui perdit à la surprise générale l'élection au poste de gouverneur de Californie en 1982 en raison de la couleur de sa peau. Une partie des sondés n'oseraient pas avouer qu'en aucune circonstance, ils ne voteraient pas pour un Noir et tromperaient ainsi les instituts de sondages. Par ailleurs, aux Etats-Unis, l'élection présidentielle se joue moins au niveau national que dans chacun des 50 Etats. Ainsi, un candidat peut gagner le vote populaire et perdre la Maison-Blanche. On se rappelle encore de ce qui est arrivé en 2000 au candidat démocrate Al Gore qui avait gagné le vote populaire en remportant plus de suffrage que George Bush, mais a perdu l'élection. Il se peut qu'un candidat qui gagne, même d'un cheveu, dans une poignée d'Etats clefs, fasse la différence grâce aux grands électeurs de ces Etats. C'est d'ailleurs l'objectif que s'est fixé le républicain John McCain. Dans cette optique, il a concentré tous ses efforts sur les Etats comme l'Ohio et la Pennsylvanie qui comptent à eux seuls 41 grands électeurs, dont l'issue peut influer sur les résultats à l'échelle nationale. Pour information, il faut au moins 270, sur un total de 538 grands électeurs, pour être élu président. En dernier lieu, il y a la marge d'erreur des instituts de sondage, et nombre d'entre eux se sont déjà trompés par le passé. L'exemple d'Obama donné gagnant dans le New Hampshire, qui a été en fin de compte battu par sa rivale démocrate Hillary Clinton au cours des primaires démocrates en janvier 2008. Il y a aussi l'élection de Harry Truman en 1948, alors que tous les sondages donnaient le républicain Thomas Dewey vainqueur, bien que depuis cette date-là, il ne soit jamais arrivé qu'un candidat donné battu par plus de 5 points à une semaine du scrutin présidentiel renverse la vapeur. C'est l'avis de l'historien Allan Lichtman, spécialiste des élections présidentielles à l'American University de Washington, qui affirme : "Les retournements de situation de dernière minute n'existent pas." Selon lui : "Chaque candidat qui est à la traîne veut vous raconter l'histoire de Harry Truman. Mais il n'y a pas eu de Harry Truman depuis 60 ans." Il n'en demeure pas moins que Bill McInturff, responsable des études d'opinion dans le camp républicain, s'attend à une élection serrée, si l'on se fie à sa déclaration : "Tous les signaux indiquent que nous nous dirigeons vers une élection qui pourrait être trop serrée pour désigner un vainqueur d'ici mardi." Merzak T.