S'il fallait se fier aux sondages, l'issue de l'élection présidentielle américaine ne ferait aucun doute. Les quelque 200 sondages publiés au cours des six dernières semaines donnent tous le démocrate Barack Obama vainqueur. Pourtant, à 24 heures du scrutin, personne ne se hasarde, y compris dans le camp démocrate, à dire que les jeux sont faits. Les sondages publiés hier, dimanche, confirmaient ceux des jours précédents. Cependant, plusieurs facteurs viennent tempérer les pronostics des sondages. Il y a, d'abord, la complexité du mode de scrutin américain. L'élection présidentielle se joue moins au niveau national que dans chacun des 50 Etats. Un candidat peut gagner le vote populaire et perdre la Maison-Blanche. Cette mésaventure est arrivée en 2000 au démocrate Al Gore qui a perdu la présidentielle face à George W. Bush alors qu'il avait rassemblé plus de suffrages que son adversaire. Si un candidat gagne, même d'un cheveu, dans une poignée d'Etats clefs, il peut faire la différence en remportant tous les grands électeurs de ces Etats. C'est ce que vise le républicain, John McCain, en jetant toutes ses forces dans des Etats comme l'Ohio et la Pennsylvanie qui comptent, à eux seuls, 41 grands électeurs. Il y a au total 538 grands électeurs et il en faut au moins 270 pour être élu président. Une autre inconnue se réfère au célèbre «effet Bradley», du nom de Tom Bradley, l'ancien maire noir de Los Angeles qui perdit, à la surprise générale, l'élection au poste de gouverneur de Californie en 1982 en raison de la couleur de sa peau. Une partie des sondés n'oserait pas avouer qu'en aucune circonstance, elle ne voterait pas pour un Noir et tromperait ainsi les instituts de sondages. La méthodologie des sondeurs est également parfois mise en cause. Les sondeurs surestimeraient la participation des Noirs et des jeunes. n Barack Obama est crédité de 11 points d'avance sur son adversaire républicain John McCain dans un sondage Gallup paru aujourd'hui, lundi, dans USA Today. Le candidat démocrate est crédité de 55% d'intentions de vote contre 44% pour M. McCain ou de 53% contre 42%. 73% des électeurs démocrates se disent enthousiasmés par la campagne de leur candidat contre 59% des électeurs républicains. Il s'agit du dernier sondage publié par Gallup avant l'élection. L'institut estime «improbable» un retournement de tendance à ce stade. Le sondage a été réalisé du 31 octobre au 2 novembre auprès de 3 050 personnes. La marge d'erreur est de plus ou moins 2 points. Selon le site spécialisé indépendant RealClearPolitics, l'écart était de 6,7 points en moyenne pour des sondages réalisés entre le 30 octobre et le 1er novembre.