Les démocrates étaient lundi en émoi avec l'arrestation de deux jeunes nervis néonazis qui avaient pour but d'attenter à la vie de leur candidat. Galvaniser les supporters de Barack Obama est un argument de plus qui confirme la suprématie de leur idole face au républicain John McCain avec l'annonce de la tentative de son assassinat par deux jeunes néonazis. Du coup, la campagne électorale du sénateur de l'Illinois prend une nouvelle tournure, se transformant carrément en référendum sur la personne de Barack Obama. A une semaine de l´élection présidentielle du 4 novembre, le sénateur de l´Illinois, né d´un père kenyan et d´une Américaine blanche, toujours en tête des sondages sur son rival, pourrait devenir le premier Afro-Américain à présider les Etats-Unis. Le plébiscite pour Barack Obama ne date pas de cette tentative d'assassinat cependant, qui est d'ailleurs la troisième à être déjouée contre Obama depuis le début de la campagne électorale. Le fait est que les grands médias américains, le Washington Post et le New York Times en tête sont passés avec armes et bagages dans le camp du candidat démocrate. Devant plus de soixante journalistes, venus des quatre coins du monde, réunis cette semaine au Foreign Press Center à Washington, des spécialistes des médias et des analystes américains ont disserté sur l'élection du 4 novembre. Tous n'ont pas tari d'éloges sur Barack Obama, comme s'ils connaissaient d'avance l'issue de cette élection. Bill Kovach, promoteur de The project for excellence journalism, soutient que le «candidat du parti démocrate a plus de chances que celui des républicains, même si personne ne sait ce que sera exactement l'administration de Barack Obama ou celle de McCain». Selon la présidente de l'Association des radios et télévisions américaines, Barbara Cochram, le prochain scrutin est la plus importante élection à laquelle elle assiste durant sa vie, ne cachant pas son admiration pour le candidat démocrate. Lors de sa conférence intitulée «L' élection de 2008 et les conséquences des vrais résultats», Thomas Mann, directeur de recherches au Brooking Institution, l'un des plus influents «think thank» américains, soutient que «Barack Obama, posé, calme et sage, est le président qu'il faut pour l'Amérique en cette situation, mieux que le candidat McCain émotif et perturbé». S'appuyant sur des données statistiques, le directeur du Pew Researche Center, Scott Kechler, démontre que Barack Obama est le gagnant de cette élection. Cet attrait qu'a Obama pour les médias n'a pas été du goût des républicains sortis de leurs gonds cette semaine. Envoyant des email, des SMS et des messages, les partisans du candidat John McCain dénoncent ce qu'ils estiment être «ce penchant médiatique vers le camp opposé. Toutes les gaffes que commet le sénateur Obama glissent comme de l'eau sur les plumes d'un canard alors que pour le moindre écart, les médias passent à la trappe le sénateur John McCain». De la position offensive, les républicains se sont retrouvés sur la défensive avec le statut de victimes. Seulement voilà, le néonazisme propulse Obama comme l'a fait Ben Laden pour George W.Bush en 2004, quand le dirigeant d'Al Qaîda avait envoyé une lettre de menace au peuple américain l'exhortant à ne pas voter pour George Walker Bush. Mais c'est sans compter sur l'effet «Bradley» que met en relief le responsbale du bureau de la chaine qatarie Al Jazeera, Abderrahime Foukara. «Certes, la guerre en Irak, en Afghanistan, les relations avec le monde arabe et l'Afrique et la crise financière ont une grande part dans la décision finale de cette élection qui penche du côté de Barack Obama, mais c'est loin d'être gagné pour lui, car il ne faut pas perdre de vue l'effet Bradley.» L'effet «Bradley» qui devient de plus en plus le cauchemar du camp démocrate, est un néologisme qui porte le nom de ce démocrate afro-américain, maire de Los Angeles, battu aux élections au poste de gouverneur de Californie en 1982. Toutes les statistiques, tous les sondages avaient donné Bradley largement gagnant, mais, contre toute attente, il a perdu le jour du vote. Il est resté dans les annales politiques américaines lorsqu'un candidat blanc est opposé à un candidat de couleur et désigne souvent le décalage entre les sondages électoraux et les «vrais» résultats des élections américaines. Depuis 1982, l'effet «Bradley» s'est répété plusieurs fois et de nombreux candidats ont été battus au dernier virage de l'élection. Les exemples ne manquent pas comme celui du gouverneur de Virginie, Douglas Wilder, en 1989, qui a gagné l'élection de justesse alors qu'il était porté favori avec plus de 15 points d'avance sur son challenger. Le scénario s'est répété dans les Etats de Pennsylvanie, New York et Chicago. Avec cette dernière ligne droite de l'élection présidentielle américaine, le camp démocrate touche du bois. Outre ces péripéties qui pourraient influer sur le scrutin, il convient de relever l'autre paradoxe, fait de complexité et de sophistication, du système électoral américain, propice aux surprises.