En dépit d'une fatigue générée par le conclave marathon de la CADC vendredi dernier, Lamara Hafidh a tout de même accepté volontiers de nous entretenir succinctement de l'état d'esprit régnant au sein du mouvement citoyen après l'offre de dialogue toute récente du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Liberté : Entre autres points débattus lors de votre conclave, ce week-end, à Azazga, celui relatif à l'invitation par le tout nouveau Chef du gouvernement pour un dialogue, même s'il n'a été traité qu'en dernier lieu. Pouvez-vous expliciter votre “oui, mais” ? M. Hafidh Lamara : Nous prenons acte de l'offre de dialogue du Chef du gouvernement qui, toute proportion gardée, diffère principalement dans la forme des précédentes initiatives. Nous aurions aimé que cette offre de dialogue soit précédée de mesures à même de démontrer la volonté politique de régler la crise qui ne se limite pas à la Kabylie. Entre autres, la libération des délégués détenus, l'arrêt des poursuites judiciaires et la cessation de toute forme de répression à l'encontre du mouvement. On sent dans votre propos une certaine “diplomatie” qui n'a pas été le “style” des délégués du mouvement citoyen jusqu'ici. Cette “diplomatie” ne masque-t-elle pas une certaine disponibilité à dialoguer ? Faut-il rappeler que nous n'avons pas la phobie du dialogue. Mais cette offre de dialogue n'intervient-elle pas à quelques mois d'une échéance aussi capitale que l'élection présidentielle d'avril prochain ? Et puis, ce pouvoir qui affirme contre toute attente sa capacité de régler cette crise plus de deux ans après son éclatement, avec le lot de dommages humains et matériels que l'on connaît, n'userait-il pas d'une autre stratégie sournoise pour se pérenniser, surtout avec les développements intervenus aux plans national et international ? Que l'on se dise bien les choses, la balle, contrairement à ce que l'on veut faire croire, n'est pas dans notre camp, mais, bien au contraire, elle a toujours été et elle demeure dans le camp du pouvoir. A. K.