Le président vénézuélien, dont la popularité reste très forte dix ans après son arrivée au pouvoir, avait voulu tirer du scrutin un nouvel élan pour sa "révolution bolivarienne". Ses partisans l'ont emporté dans 17 des 20 ?tats en jeu aux élections régionales et municipales de dimanche au Venezuela. Chavez avait besoin que ses alliés enregistrent des victoires décisives pour faire adopter des mesures qui lui permettraient de se maintenir à la présidence après l'expiration de son mandat, en 2012. Cet objectif reste possible, mais devient plus délicat à mettre en œuvre avec les résultats des municipales. Les municipales donnent du souci à Hugo Chavez. Son parti est arrivé en tête dans la plupart des régions, mais l'opposition conserve des ?tats-clés fortement peuplés comme Miranda et Zulia, et surtout conquiert la région autour de Caracas ainsi que la mairie de la capitale. Lors d'un discours peu enthousiaste organisé à son quartier général, le président vénézuélien a déclaré que la carte politique du pays restait teintée du rouge de la révolution. "La flamme révolutionnaire est plus forte aujourd'hui. C'est une grande victoire pour le parti. La voie de la construction du socialisme a été approuvée (...) et nous allons maintenant nous atteler à la tâche pour approfondir et étendre notre projet", a-t-il déclaré mais sans trop de convictions. D'ailleurs, autre indice et non des moindres, la victoire du parti de Chavez n'a pas donné lieu dans les rues de la capitale aux habituelles manifestations de liesse. De plus, l'opposition conserve le contrôle de l'?tat de Zulia, riche en pétrole et très peuplé. Aux dernières élections locales, il y a quatre ans, les candidats de Chavez n'avaient été battus que dans deux des 22 ?tats. Il est à rappeler que Chavez a déjà subi une défaite lors du référendum de 2007 qui l'aurait autorisé à briguer un nombre illimité de mandats présidentiels. Chavez avait pourtant multiplié les meetings dans tout le pays pendant la campagne. Il avait menacé de couper les financements, et même de déployer des chars, dans les régions où l'opposition l'emporterait, tout en promettant d'envoyer en prison le principal dirigeant de l'opposition. L'opposition s'était elle aussi organisée et avait réussi à s'unir pour présenter davantage de candidats uniques. Les sombres perspectives économiques, sur fond de baisse du prix du pétrole, décontenancent de nombreux habitants dans un pays où le taux de criminalité est l'un des plus élevés au monde et où l'inflation est la plus haute du continent. L'heure du désenchantement a commencé ! D. Bouatta