Les entreprises impliquées dans ce projet seront chargées, selon le ministre des Ressources en eau, d'assurer la gestion des ouvrages durant une période de deux années, en coordination avec l'Office national d'assainissement. Le problème de la remontée des eaux dans la cuvette de Ouargla et son lot de puanteurs, qui envahissent l'air à toutes les heures de la journée, et les sels qui s'amoncellent sur les terres agricoles ne sera-t-il qu'un mauvais souvenir pour les habitants de la région ? C'est la promesse faite mercredi dernier par le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, qui s'est déplacé dans la région pour s'enquérir de l'avancée des travaux de ce mégachantier entamé il y a trois ans. À l'issue de la visite, le ministre semblait satisfait du rythme impulsé aux différents ouvrages constituant le complexe dont la livraison complète devrait, selon lui, se faire avant la fin du 1er semestre 2008. “Le chantier est difficile et de nombreuses contraintes se sont posées pour les entreprises de réalisation, mais on n'a pas droit au ratage. Globalement, je peux affirmer que c'est bon, et les délais sont respectés par ces entreprises de réputation mondiale et qui utilisent des équipements type européen. De même pour la qualité du travail du béton”, tente de rassurer M. Sellal, dans une déclaration en marge de la visite dans la région de Ouargla. Le taux de réalisation a atteint les 85% sur l'ensemble du complexe. Sur les lieux, le représentant du gouvernement a pris la décision de raccorder tous les quartiers de cette ville, y compris ceux qui n'étaient pas prévus dans le projet en cours au réseau d'assainissement. “Tous les citoyens dans cette région doivent se sentir concernés par ce projet”, insiste-t-il comme pour répondre aux manifestations de colère des habitants qui s'étaient plaints à plusieurs reprises des nuisances sonores et des vibrations provenant des chantiers, notamment en ville. Inspectant l'état d'avancement de ce mégaprojet, M. Sellal a annoncé la mise en service progressive de cinq stations de relevage et de pompage des eaux usées, alors que 18 autres stations sur un total de 26 seront réceptionnées avant la fin de l'année. Cet immense projet coûtera à l'Etat la bagatelle de près de 32 milliards de dinars puisqu'aux 31 milliards déjà débloqués vont s'ajouter les 400 millions de DA qui devraient être consacrés au supplément des travaux demandés par le ministre pour l'extension du réseau aux quartiers non prévus dans les premiers plans du projet. Après sa mise en service à la fin du mois de juin prochain, le complexe devrait contribuer à la résorption du surplus d'eau présent dans la nappe et empêcher les eaux usées de remonter à la surface. Ce grand projet de lutte contre le phénomène de la remontée des eaux, propre aux régions du Sud, devrait, relève le ministre, permettre, à long et moyen terme, de prévenir la pollution et protéger la phoeniciculture des dangers écologiques la guettant. Mais de quelle garantie disposent les autorités pour affirmer que le projet en cours va éradiquer cet énorme problème qui continue d'empoisonner la vie aux Ouarglis ? M. Sellal compte beaucoup sur le travail, le suivi et le contrôle du bureau d'études français Safège, spécialisé dans l'ingénierie de l'eau et de l'environnement, et qui est chargé justement de veiller à la bonne qualité des ouvrages réalisés. D'un autre côté, note le ministre, les entreprises impliquées dans ce projet seront chargées, conformément aux dispositions contractuelles, d'assurer la marche des ouvrages durant une période de deux années en coordination avec l'Office national d'assainissement. Ce temps sera nécessaire pour former les cadres et les travailleurs algériens qui prendront le relais. Lors de sa visite, le ministre a ordonné aux responsables chargés des travaux de doubler les effectifs, de sorte à arriver à un rythme de travail de 2 fois 8. Ce projet, dont les travaux de réalisation ont été confiés à plusieurs entreprises nationales et étrangères, dont le français Vinci Construction, le libanais Butec, l'allemand Dywidag et le portugais Eusébios, prévoit la réalisation d'un réseau d'assainissement long de 114 km, trois stations d'épuration des eaux usées, le drainage et le transfert du surplus des eaux des palmeraies à partir de la station d'épuration de Ouargla, sur une distance de 41 km linéaires vers l'exutoire de Sebkhet Sefioune. Le transfert devrait être réceptionné dans deux mois, selon les explications fournies sur place au ministre. Il ne resterait que 5 km à réaliser. Selon les assurances des différents responsables, le projet en cours va sauver la cuvette de Ouargla d'un étouffement imminent à cause de la remontée des eaux. Les études qui ont été menées jusqu'ici ont démontré l'origine de ce problème. L'inexistence des réseaux d'assainissement et de drainage adéquats, le taux élevé de déperdition dans les réseaux AEP, la surconsommation de l'eau potable, le colmatage et les fuites des collecteurs existants, l'absence d'exutoire due à la planéité du relief… tout cela rend difficile l'écoulement gravitaire des eaux usées et entraîne la stagnation et l'élévation du niveau de la nappe phréatique. Cette situation a engendré des dégâts importants pour l'environnement, le secteur agricole, le cadre de vie… Les différents responsables du chantier tiennent à préciser que les résultats de la solution apportée ne seront ressentis par la population qu'environ une année après la mise en service du complexe. La population de la région de Ouargla devrait donc prendre son mal en patience pour quelque temps encore, avant de pouvoir jouir des bienfaits de ce mégaprojet. Hamid Saïdani