L'Association des moudjahidine de la Fédération de France du FLN 54/62 a célébré, mardi, à Bouzeguène, le 36e anniversaire de la mort du colonel Mohand Oulhadj, le 2 décembre 1972 à l'âge de 61 ans. L'ouverture de la cérémonie s'est effectuée au centre culturel par la traditionnelle minute de silence à la mémoire des chouhada avant que des membres du conseil national ne prennent la parole pour faire un bref aperçu sur l'œuvre du vieux sage dit “amghar” (le vieux). Tous les intervenants ont apprécié la grandeur de cet homme de guerre qu'est Mohand Oulhadj. Il a été aussi un bâtisseur de la paix, reconnaissent les membres de l'association FLN, Fédération de France. Le dernier chef de la Wilaya III historique reste entier. Il personnifie le sacrifice suprême. À juste titre, parce que lorsqu'il rejoint le maquis, il emmène avec lui ses trois fils dont l'un d'eux, Mohand Saïd Akli, est présent dans la salle. Il prend avec lui, également, sa fortune pour les besoins de la Révolution. Les témoignages de son fils ont été émouvants. En 1955, Mohand Oulhadj décide de franchir le Rubicon en s'engageant corps et âme dans la Révolution en marche. Il gravit rapidement les grades en obtenant d'abord celui d'aspirant. Une année plus tard, Amirouche lui confie la Zone III avec le grade de sous-lieutenant. Il devient capitaine puis commandant en 1957. Il est adjoint du chef de la Wilaya III puis intérimaire d'Amirouche quand ce dernier part pour Tunis. Mohand Oulhadj, après la mort d'Amirouche, sera — pour l'histoire — le dernier chef de la Wilaya III, de 1958 à 1962, c'est-à-dire la période la plus dure. Il aura ainsi à subir “l'opération Jumelles” qui était destinée à isoler la Kabylie. Il est blessé à l'oreille lors des bombardements, au point qu'il est guidé par ses djounoud dans le maquis en perdant le sens de l'ouïe. Le colonel Oulhadj a réalisé des exploits en gardant les rangs serrés dans une région enclavée, isolée et dont la densité de la population est la plus élevée. Le vieux renard, comme on le surnomme, a subi les opérations Bleuite, Jumelles, Oiseau bleu et Turquoise. En fin stratège, le chef de la Wilaya III a riposté à l'opération Jumelles en disséquant ses deux bataillons en petits groupes de 5 à 6 éléments pour prouver à l'ennemi — à Challe en premier lieu — que la guerre se poursuit et la capacité de riposte et de nuisance était intacte. On a estimé à 75 000 hommes le nombre de militaires engagés dans l'opération Jumelles en plus des supplétifs. Pendant trois mois, nuit et jour, la guerre fait rage et fait près de 4 200 martyrs. À l'Indépendance, le colonel Mohand Oulhadj est connu pour avoir été le premier à hisser le drapeau national à Sidi Fredj le 5 juillet 1962 et prononce un discours en kabyle. En 1963, lors du maquis du FFS et la guerre des wilayas, il s'est démarqué en disant : “Sept années suffisent, rentrez chez vous !” La guerre avec le Maroc a été une aubaine. Il leur a dit : “Libérons d'abord le pays.” Les témoins de l'époque s'accordent à dire qu'Oulhadj a choisi à juste titre, “l'unité nationale au régionalisme”. Une qualité que lui reconnaît, dans sa dernière interview, l'ancien président de la République, M. Chadli Bendjedid. Le colonel Mohand Oulhadj est “revenu”, encore une fois, cette semaine, pour nous dire que seule l'unité compte et qu'il faut se surpasser pour reconnaÎtre qu'il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix. À onze heures, la forte délégation des anciens de la Fédération de France s'est recueillie sur la tombe du colonel et devant le monument de mémoire du village. Avant de se séparer, tous les présents se sont entendus pour que la date du 2 décembre soit régulièrement célébrée. C. Nath Oukaci