Des quantités importantes d'or sont introduites en Algérie et écoulées sur un marché informel sans le moindre contrôle. Personne ne peut s'avancer sur la qualité de cet or. En termes plus clairs, sa composante aurifère reste douteuse. Le précieux métal vendu sur le marché parallèle dans plusieurs quartiers des grandes villes du pays contient plus de cuivre au grand dam du client algérien. Le directeur général de l'Entreprise nationale de l'or (Enor) Mustapha Benzerga relève le manque flagrant de contrôle du marché de l'or en Algérie de la part des pouvoirs publics. Certes, la réglementation algérienne oblige les opérateurs à produire de l'or 18 carats qui équivaut à 75% d'or et le reste, c'est du cuivre et du zinc. Ce qui forme un alliage avec ces métaux car l'or seul est de nature cassant. Or, de cet ensemble de composants, les bijoux vendus de manière frauduleuse ne contiennent pas la teneur requise en or. “Si l'on s'amuse à analyser l'or détenu par les familles, celles-ci auront de mauvaises surprises”, a déclaré le DG de l'Enor qui invite les Algériens à n'acheter que l'or poinçonné 18 carats. Pour lui, c'est un investissement à long terme et il ne faut pas être tenté par les prix bas pratiqués par des vendeurs illégaux. Par ailleurs, l'Algérie produira d'ici à la fin de l'année 2008 quelque 720 kilogrammes d'or. Ce qui représente un chiffre d'affaires d'environ un milliard de DA. Des gisements sont recensés et sont en exploration par des sociétés étrangères, d'autres seront mis en adjudication par l'Agence nationale du patrimoine minier prochainement. De toute cette quantité, seuls 4 kg sont placés sur le marché national, le reste est exporté vers la Suisse. Les responsables de l'Enor ont été échaudés par la mévente subie en 2006 et la crise qui s'en est suivie. Depuis, ils ont constaté que le marché local ne peut pas absorber leur production. D'où le recours à l'exportation. “Nous sommes toutefois en train de chercher les voies et moyens à même d'écouler notre production sur le marché national et répondre à ses besoins”, indiquera M. Benzerga. À ce propos, des discussions sont en cours pour que l'Enor cède une partie de sa production pour raffinage à Agence nationale des métaux précieux (Agenor). Celle-ci va raffiner pour produire de l'or qu'elle utilise pour ses propres besoins et/ou qu'elle vend éventuellement aux bijoutiers. Dans le gisement d'Amesmessa, situé à 460 km à l'ouest de Tamanrasset, il est envisagé que la production soit revue à la hausse pour atteindre 1,8 tonne ou 2 tonnes/an dès l'année prochaine. Avec un prix de 750 dollars l'once prévu pour 2009 sur le marché international, l'or vendu rapportera environ 4 milliards de DA pour le pays. Il faut dire que l'once produite est évaluée à 550 dollars. L'Algérie a ouvert, rappelle-t-on, la mine d'or au Hoggar, située ainsi à plus de 1 400 kilomètres de la capitale avec tout ce que ça engendre comme conséquences logistiques, difficultés d'approvisionnement... Cette région, soulignera le DG de l'Enor, recèle de fortes potentialités en minerais tels que l'or, l'uranium… qui demeurent des produits à forte valeur ajoutée. Son exploration nécessite, remarquera-t-il, des ouvriers spécialisés et beaucoup d'eau. Le projet de transfert AIn Salah vers Tamanrasset, en cours de réalisation par le ministère des Ressources en eaux, vient à point nommé d'ailleurs pour rendre plus efficace l'exploitation de toutes les petites mines. Les réserves géologiques d'Amessmessa sont de l'ordre de 3,38 millions de tonnes avec une teneur moyenne de 18 g/t, celles de Tirek, situé à 400 km de Tamanrasset, sont de l'ordre de 730 000 tonnes avec une teneur moyenne de 18 g/t, Tiririne, situé à 450 km à l'est de Tamanrasset dispose de 481 100 tonnes avec une teneur moyenne de 17 g/t et, et In Abegui où le potentiel est évalué à 2 807 000 tonnes avec une teneur de 3,59 g/t. Une chose est certaine, c'est qu'une industrie minière commence à se développer progressivement dans le sud. Il est produit donc des lingots bruts de plusieurs kilogrammes, composés d'or, d'argent et d'impuretés. Ils sont ensuite exportés vers une société en Suisse pour raffinage. Cette entreprise raffine l'or et le renvoie sous forme de lingots d'un kilogramme. Avec ses 3 tonnes, l'Algérie reste un petit producteur d'or en comparaison à l'Afrique du Sud qui produit 400 tonnes/an, au Ghana, au Mali… Baddredine Khris