La problématique du médicament dans notre pays étant d'une extrême complexité, qu'il est impossible à travers un simple article d'en cerner tous les contours et d'apporter une solution et ou une analyse exhaustive, les vraies solutions ne trouveront leurs résolutions que dans un véritable dialogue entre Algériens. Le secteur du médicament a été pendant longtemps un champ d'expériences malheureuses qui ont coûté beaucoup d'argent et une perte de temps précieux au pays dans sa démarche industrielle afin de se doter d'une véritable industrie pour un secteur aussi stratégique qui concerne ce que l'être humain a de plus cher : la santé. Le secteur du médicament a évolué dans un contexte particulier depuis l'avènement de l'indépendance du pays, après l'échec des monopoles (fabrication, importation et distribution) l'ouverture au privé décidée en 1991 par la loi sur la monnaie et le crédit s'est faite en l'absence de toute politique et ou d'une vision globale qui aurait permis une réelle naissance d'une industrie nationale. L'instabilité politique notamment au niveau du ministère de la Santé (24 ministres en 46 ans) ont géré le médicament sans partage, et avec des erreurs répétées. (souvent dans le but de servir des intérêts occultes). Parmi tous les ministres qui se sont succédé à la tête de ce département, certains d'entre eux ont tenté néanmoins de mettre en place une réglementation et ou des politiques allant dans le sens de la protection de la santé des citoyens et la protection de la production nationale ; tentatives très vite dévoyées par les successeurs. L'Unop dès sa création (1999) a produit un mémorandum en octobre 2000 faisant un état des lieux avec des propositions pour doter le pays d'une véritable industrie nationale, ce mémorandum a été diffusé très largement tant aux différents ministères qu'aux institutions du pays sans jamais avoir suscité un quelconque intérêt, et huit ans après, les questions soulevées à travers ce travail sont toujours d'actualité. Par ailleurs, confortée par l'ordonnance présidentielle 03-04 du 19 juillet 2003, et le décret exécutif du Chef du gouvernement 05-220 du 22 juin 2005, l'Unop a organisé en octobre 2007 un séminaire international sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et les perspectives pour l'industrie nationale du médicament dans le nouveau contexte international ; séminaire auquel ont assisté quatre ministres. Les recommandations faites à l'occasion de ce séminaire ont fini par produire une décision responsable du gouvernement interdisant les importations des médicaments qui concurrencent la production nationale. Cette importante décision politique devra être suivie d'un travail sérieux et responsable de la part du ministère de la Santé mais également par les industriels algériens dans le cadre d'un comité permanent pour sa mise en œuvre, et l'Unop a soumis au ministère de la Santé une véritable feuille de route avec les conditions minimales pour à la fois garantir un approvisionnement normal du marché, mais également promouvoir la production nationale de médicaments. Le comité de concertation créé à l'initiative du ministre de la Santé qui a été installé depuis le 29 septembre 2008 n'a pas à ce jour produit les résultats attendus et l'élaboration de la liste des médicaments à protéger n'est toujours pas arrêtée et diffusée aux opérateurs pour l'établissement de leurs programmes d'importation pour 2009. La direction de la pharmacie continue de travailler en solo, et l'on se demande à quoi sert ce fameux comité de concertation, (s'il s'agit d'un “machin” comme avait dit le général de Gaulle sur l'ONU) l'entière responsabilité des résultats sera assumée par la tutelle de la santé. Les pseudos dialogues auxquels nous avons été parfois conviés pour nos avis et recommandations n'ont jamais été pris en compte. Les ministère du Commerce pour les marges bénéficiaires, ministère de l'Industrie sur la stratégie industrielle, ministère du Travail sur le tarif de référence, et aujourd'hui le ministère de la Santé sur la nécessité absolue d'associer les opérateurs pour l'application des décisions du gouvernement. Il y a des vérités qui ne peuvent pas être occultées, les administratifs ne doivent en aucun cas se substituer aux chefs d'entreprise, et que par de simples directives ordonner la production des biens et des richesses si ces mêmes chefs d'entreprise ne sont pas associés à l'élaboration d'une politique qui leur serait appliquée et qui en cas d'échec leur serait imputable. Nous assistons aujourd'hui à une véritable pollution du secteur par une multitude d'opérateurs dans toute la chaîne du médicament, sans contrôle rigoureux de l'activité par la tutelle et autres administrations. Cette pollution qui profite en premier lieu aux 180 fournisseurs de produits finis sans aucune contrepartie et qui favorise l'emploi et la valeur ajoutée dans les pays de ces mêmes fournisseurs. Alors que dans le même temps, des unités algériennes fonctionnent à 30% des capacités installées. Une fois encore nous appelons au dialogue serein entre administration et administrés pour sortir notre pays des incohérences et la redondance d'erreurs qui portent des préjudices à la foi à notre économie et surtout à la crédibilité de l'Etat algérien.