Entre 2000 et 2008, les importations ont connu une augmentation de 400% en valeur. Depuis 2000, les importations de médicaments n'ont cessé d'augmenter : de 500 millions de dollars, elles sont passées à 1 milliard de dollars en 2005, à 1,4 milliard de dollars en 2007. “Au cours des dix premiers mois de l'année 2008, elles se sont élevées à 1,4 milliard de dollars. À noter que sur les 1,4 milliard de dollars, 1 milliard de dollars représente la facture médicaments et 400 millions de dollars divers autres produits pharmaceutiques (insuline, vaccins, médicaments contenant des pénicillines, des hormones…)”, indiquent les statistiques douanières. Entre 2000 et 2008, elles ont été donc multipliées par quatre. La production locale a continué pendant ces années à ne couvrir qu'environ 30% des besoins en médicaments du pays. Les multinationales dominent le marché du médicament en Algérie. “En 2007, le français Sanofi Aventis était le numéro 1 avec un chiffre d'affaires de 340 millions de dollars, suivi de GSK (Glaxo Smithkline) avec 125 millions de dollars, l'américain Pfizer avec 118 millions de dollars et le suisse Novartis avec 112 millions de dollars. Saidal, l'entreprise publique, numéro 1, en termes de production, n'arrive qu'en quatrième position avec un chiffre d'affaires de 120 millions de dollars”. (chiffres de l'IMS, organisme international regroupant les données sur les marchés du médicament) Les laboratoire français accaparent 40% des importations avec un montant de 580 millions de dollars, suivies des firmes suisses et britanniques avec respectivement des parts de 11% et 6% (montants respectifs de 164 millions de dollars et 94 millions de dollars). Une étude de la Dree indique que 70% des spécialités sont importés. Une lecture attentive de tous ces chiffres montre que la production locale n'a pas évolué loin s'en faut au rythme des importations. La production des multinationales reste marginale. La même étude de la Dree montre que pour les principales classes thérapeutiques, la production locale couvre au maximum moins de 25% des besoins. Elle est de 22% pour l'appareil digestif et le métabolisme, 19% pour les anti-infectieux, 9,5% pour le système respiratoire, 8% pour le système locomoteur, 8,5% pour le système cardio-vasculaire, 8,5% pour le système nerveux central, 6,5% pour la gynécologie, urologie et hormones, 5% pour la dermatologie. Bien que les principales multinationales aient implanté des usines de production de médicaments : Sanofi Aventis, GSK et Pfizer au centre du pays, après l'obligation de fabrication de médicaments pour pouvoir accéder au marché, leur impact sur la facture importations reste dérisoire. “L'industrie pour ces multinationales est un alibi. Leur double casquette importateur et producteur entraîne un conflit d'intérêts”. “Ce qui veut dire que ces laboratoires ont eu tendance à favoriser l'importation de leurs spécialités et à limiter la gamme de produits fabriqués localement”, confie un ancien responsable d'un laboratoire étranger implanté en Algérie. Cette stratégie a été d'ailleurs encouragée par la politique adoptée en la matière par les pouvoirs publics. En effet, un arrêté du 12 juin 2005 levait l'obligation de produire localement pour accéder au marché local. Elle sonnait la fin du commerce industrialisant, d'ailleurs appliqué en Algérie uniquement dans le secteur pharmaceutique. Depuis, la facture importation n'a cessé de s'envoler. L'absence de régulation du marché par l'Etat a freiné l'expansion de la production locale. Comment expliquer qu'avec une trentaine d'usines de production et près de cent projets d'unités de fabrication de médicaments en cours de réalisation en 2005, la production locale n'arrive pas en 2008 à freiner la facture importations. En définitive, la décision d'interdire l'importation de produits fabriqués localement est salutaire. Elle encourage les laboratoires locaux. Mais elle est loin d'être suffisante. D'autres instruments de régulation devraient être brandis pour que les laboratoires étrangers, voire également locaux cessent de protéger leurs importations au détriment de la fabrication locale de produits pharmaceutiques. Il faudra de grands efforts pour que la couverture des classes thérapeutiques par des produits fabriqués localement soit beaucoup plus importante et limiter ainsi les importations. Le recours de façon plus importante au générique va permettre un plus large accès au médicament et réduire la dépendance de l'Algérie. Le chemin est tout tracé. Encore faut-il que son efficacité soit garantie. K. Remouche