C'est une petite association de handicapés moteurs qui patauge dans l'indifférence presque totale au fin fond de la commun d'Abi Youcef, à 4 km de la daïra de Aïn El-Hammam. “Il n'est pas aisé d'être à la fois une femme handicapée et responsable d'association dans une localité qui manque de tout”, dira Mlle Aït Si Slimane Hakima, présidente de Thijine (volonté à guérir), une association créée en février 2008, qui, malgré les contraintes, a réussi à marquer sa présence dans ce monde de plus en plus difficile et incertain. Aujourd'hui, occupant une grande salle de classe à l'intérieur d'une école primaire fermée, sans aucun moyen, Thijine tente de rendre un peu de clémence à une vingtaine d'adhérents. Des portes récupérées çà et là sont transformées en table de travail et les handicapés se servent de chaises et tabourets de fortune que la responsable a mis à leur disposition, en attendant les promesses qui tardent à venir. “J'ai des promesses de la Fédération des associations des handicapés moteurs, suite à notre apport satisfaisant en deux mois d'activité sur le terrain”, ajoutera la présidente. Signalons toutefois que la localité d'Abi Youcef, à elle seule, renferme plus de 213 invalides (65 handicapés moteurs et 148 handicapés mentaux), pendant que d'autres continuent de souffrir dans l'anonymat et en silence. À en croire la présidente de Thijine, il n'y a pas beaucoup de monde qui se donne la peine de comprendre cette frange sociale, hormis certains, à l'exemple du P/APC de Abi Youcef qui, du moins, reste à notre écoute. Il y a même des familles qui ignorent jusqu'au droit le plus élémentaire de leur enfant handicapé, pendant que d'autres font le rush sur les pensions afin de glaner quelques sous, oubliant que l'argent seul ne fait pas toujours le bonheur du handicapé. “Parfois un handicapé moteur laissé à son sort de malade sans compréhension ni prise en charge psychologique devient facilement dépressif ou dangereux”, nous explique Hakima. D'ores et déjà une vingtaine de personnes font la classe en attendant d'autres qui viendraient remplir la liste, mais les conditions sont loin de réserver un accueil favorable, malgré la chaleur et l'humanisme dégagés par les membres actifs de cette association. C'est pour cela que “nous faisons appel aux instances concernées et à tous ceux qui peuvent être utiles et contribuer non pas en assistanat – ou en guise de charité – mais de faire en sorte que les handicapés réussissent à changer leur statut familial et social en gardant leur fierté intacte”, souligne notre interlocutrice on ne peut plus convaincue. Enfin et outre le manque de mobilier, de moyens de transport et de locomotion, il est très recommandé d'engager une psychologue pour alléger, un tant soit peu, ces âmes en souffrance. Pour peu qu'elle soit, elle aussi, rémunérée, car, dira-t-on, le bénévolat finit par lasser son initiateur. LIMARA B.