L'impact de la pollution atmosphérique fluorée sur l'environnement est inquiétante à plus d'un titre du fait qu'en polluant l'atmosphère, les dérivés du fluor menacent la faune et la flore et ont des effets néfastes sur la santé humaine. L'Algérie est aujourd'hui doublement menacée par ce corps chimique. Découvert au début du XIXe siècle, le fluor, ce produit vanté pour ses vertus à combattre les caries et re-minéraliser les dents est un poison insoupçonné lorsque le seuil de toxicité est dépassé chez les espèces animales et végétales. Idem lorsque la dose journalière admissible d'ingestion par l'homme franchit les normes arrêtées par l'OMS. Les études d'écotoxicité y afférent l'ont prouvé. Toutefois, de très nombreux pays ou régions comme l'Afrique du Nord (l'Algérie, le Maroc et la Tunisie) ou l'Afrique subsaharienne ont des eaux naturellement riches en fluor. La teneur est en général supérieure à 1 mg/l, alors que l'Organisation mondiale de la santé la limite à 1,7 mg/l (normes OMS : 0,8 à 1,7 mg/l, France : 1 mg/l et la CEE : 0,7 à 1,5 mg/l). C'est particulièrement le cas de l'Algérie du fait que “les eaux du Sahara septentrional et de la zone orientale sont caractérisées par des teneurs en fluorures très élevées et une minéralisation excessive. La nappe phréatique et la nappe albienne représentent une ressource considérable d'eau potable et servent d'irrigation dans de nombreuses oasis du Sud algérien”, est-il rapporté dans une étude consacrée à cet élément. Le taux du fluor dans ces nappes atteint facilement les 4,55 mg/l à El-Oued. Le constat établi par les chercheurs est d'autant plus inquiétant que le problème de la présence du corps chimique en question menace des populations à travers le monde. Ces dernières, comme c'est le cas à Oued Souf sont en permanence exposées à la fluorose dentaire plus connue sous le nom de “Darmous”. Cette maladie s'attaque à l'émail dentaire via des taches jaunes ou marron. À des concentrations supérieures à 5mg/l, le fluor peut provoquer la perte de la dentition et sur le moyen terme, la fluorose osseuse “caractérisée par une hyper calcification des os”. Des fortes concentrations dans l'organisme humain vont jusqu'à provoquer la mort et peuvent entraîner le cas échéant des nausées, vomissements, douleurs abdominales, convulsions,… Les chercheurs évoquent, par ailleurs, l'existence d'une carte de contamination. “La pollution est avérée, nous nous attelons à mettre en œuvre des procédés de défluoruration”, soulignent-ils. Et d'ajouter : “S'agissant des régions du Sud où la pollution due au fluor est inhérente à une eau naturellement riche en ce dernier, le problème s'explique. Néanmoins, il faut savoir que la contamination par les fluorures n'a pas épargné les villes du Nord.” Cette fois, c'est Annaba qui est pointée du doigt. En effet, la capitale de l'Est subit les conséquences de la forte concentration des activités industrielles. Présents dans la nature, dans les effluents et les boues industriels, etc., les dérivés du fluor entraînent la pollution de l'air, de l'eau et du sol. C'est toute la problématique liée à cette pollution qui est posée à travers ce triptyque. Car le fluor n'épargne quasiment rien. Se trouvant dans le sol, il se dépose dans les plantes et entrave leur croissance. Consommées par les animaux, elles (les plantes, ndlr) accroissent le taux de fluor dans l'organisme de ces derniers qui se voient affectés ultérieurement par la dégradation de leur os. Les hommes ne sont pas épargnés. Maux divers et maladies graves les guettent. L'impact de la pollution atmosphérique fluorée d'origine industrielle dans la région de Annaba, pour ne citer que cette ville de l'Est, est sans conteste négatif et suscite bien des inquiétudes. Les aspects épidémiologiques mis en exergue ne sont, en outre, guère plus rassurants. Les installations industrielles fabriquant des engrais phosphatés ne sont pas sans effet sur l'environnement. En évoquant celui-ci, il est fait allusion aux cultures avoisinant les sites industriels. Les spécialistes de l'environnement nous parlent, dans ce sillage, de la tomate qui ne serait pas, selon eux, épargnée par la fluorose ! À bon entendeur… Nahla Rif