Confiez une caméra à une bande d'allumés qui n'a pas peur du ridicule et vous obtenez une heure de sottises travaillées diffusée chaque mardi sur L'ENTV à 21h. Qu'on le veuille ou pas, “Lefhama” est devenu une référence en matière d'émissions humoristiques… hors Ramadan. Après des vacances d'été prolongées au mois d'octobre 2008, la joyeuse troupe du show télévisé revient en force et en chant ; des chansons made in “Lefhama” ponctuent un peu plus les différents sketchs de l'émission, réduisant ainsi le travail d'improvisation de la clique connue pour tourner en free style. Pour ceux qui vivent sur la planète mars, “Lefhama” est une sorte de patchwork télé fait de parodies et de sketchs reliés par un thème autour duquel s'articule chaque numéro (logement, femme, chômage, etc.). Dans la ville fictive “Aïn El Makane” (le lieu-dit), Zina et Nahoul butinent de sketch en sketch à l'aide de transitions soignées, pendant que les gags affluent, se suivent et ne se ressemblent pas : “Hiya ou Houwa” (elle et lui) signe le premier remake (réussi) de “Un gars et une fille”, avant même “Soussou et Nounou”. “Elle”, est clairvoyante et “lui”, est naïf, voire simplet… prise de tête garantie. L'absurdité des citations n'empêche pas ces kamikazes du rire d'être pertinents et de faire des parallèles sarcastiques parfois avec tout ce qui marque la scène politique internationale…”Raîss el aalem” (président du monde) en est l'instrument. Tandis que Chéni Chéni prêche la bonne parole dans “Normal machi normal” (normal pas normal), les blagues de Salim le Tlemcénien sont mises en scène à la Djamel Debouz, les opinions se déchaînent dans “raï fi raï” (avis sur avis), l'horoscope se déclame en chanson, et les parodies d'émissions viennent s'ajouter au tout bouclant ainsi la liste d'ingrédients qui composent le cocktail visuel qu'est Lefhama. Alors que des tas de séries humoristiques tablent sur le mois de ramadan pour s'assurer un ftour au soleil, Lefhama elle, espère briller toute l'année… et elle brille ! À quoi est dû son succès ? Pourquoi une série comme Hal Wa Ahwal qui va dans le même délire, avec pratiquement le même staff, n'a pas marché sachant que ça passait durant le mois sacré ? L'émission ne se veut pas en marge de l'actualité, les thèmes choisis et le contenu des sketches tentent de mettre le doigt sur tout ce qui touche l'Algérien moyen dans sa société (c'est sans doute ce qui explique son succès), et cela de manière vraie, loufoque et décalée… un peu trop parfois : De l'humour au grotesque, il n'y a qu'un pas qui, dans notre cas, est trop souvent franchi... La facilité dans laquelle tombe parfois certaines mises en scène (chute, accent kabyle, homme travesti, etc.) nous fait penser à un genre de… “Benny Hill” à l'algérienne… mais qui a dit que “Benny Hill” était nul ?