Plusieurs groupes armés ont choisi de se replier vers le mont forestier d'Adekar, selon des témoignages concordants des habitants qui ont aperçu, ces derniers jours, des terroristes dans la région. Le repli des groupes terroristes en nombre important dans les massifs forestiers de la région d'Adekar n'est pas une vue de l'esprit. Malheureusement, plusieurs éléments armés ont fait leur apparition à des endroits divers de la région, selon les témoignages concordants des habitants. L'un des groupes a même fait une incursion, selon une source proche des Patriotes, dans la nuit du 3 au 4 de ce mois au village Iksilen, dans la commune de Taourirt-Ighil, pour s'y approvisionner. Vainement. À une heure tardive de la nuit, les commerçants du village avaient déjà fermé. Depuis qu'ils ont signé leur présence dans la région par l'assassinat de l'édile de la commune de Timezrit, le 4 au soir du mois passé à Alma-Izamaren, commune de Taourirt-Ighil, des groupes de terroristes ont été repérés et signalés ici et là dans les maquis de la région par des citoyens. En effet, le 22 novembre dernier, à 2h, deux jeunes suspectés de terrorisme ont été arrêtés à Ighil-Irza, commune de Taourirt-Ighil, par des militaires en opération dans la localité. Quarante-huit heures après, un accrochage avec les forces de l'Armée nationale stationnées à Assif Ikhtabech, commune d'Adekar, a été enregistré. Leur dernière apparition dans la contrée est cette incursion dans le village précité. Des témoignages concordants des citoyens signalent la présence d'un groupe terroriste dans les massifs forestiers de Sfayah et un autre au cœur de la forêt dense de l'Akfadou, plus exactement aux alentours du Lac noir (Aguelmine Aberkane), commune d'Adekar. Il s'agit vraisemblablement d'un même groupe du fait de la jonction des deux endroits par des pistes forestières. À Imiloul, commune de Taourirt-Ighil, sur le versant sud-est de la municipalité, on signale également la présence d'un autre groupe terroriste. Des “traces” ont été relevées par des Patriotes de la région, une semaine avant leur forfait à Alma-Izamaren contre le maire de Timezrit, apprend-on auprès de ces derniers. C'est à cet endroit qu'un militaire avait été assassiné en 2003 dans un faux barrage dressé sur la RN12 par les terroristes, la veille de l'Aïd el-Adha. À quelques encablures de là, en septembre 2006, une embuscade terroriste contre une patrouille de la BMPJ d'Adekar eut lieu à Aathout, sur la RN12, faisant 5 morts, dont 4 policiers et un citoyen. Deux jours auparavant, deux policiers et un citoyen avaient été tués en plein centre-ville d'El-Kseur. C'est la première fois d'ailleurs que les terroristes avaient frappé en un laps de temps aussi court. Le groupe en question empruntait pour ses déplacements la piste forestière traversant aussi bien les maquis de Taourirt-Ighil, débouchant jusqu'au nord-est de la contrée, Tizi n'Sebt, aux frontières de la commune de Toudja, que ceux de la commune de Tifra. La levée de la base militaire de Tizi n'Sebt, un lieu stratégique pour l'armée, depuis l'élimination en 2004 de l'“émir” national du GSPC, Nabil Sahraoui, a laissé une certaine liberté de mouvement aux terroristes qui écumaient particulièrement les maquis de la commune de Toudja. Il y a lieu de signaler que Tizi n'Sebt est un carrefour sur la RN34 entre trois communes limitrophes, Taourirt-Ighil, Toudja et El-Kseur, surplombant les bas-fonds des maquis d'Ibarissen. Et c'est dans ces maquis justement, encore une fois, que les militaires avaient abattu en juin 2004 l'“émir” national du GSPC avec quatre de ses acolytes, avant d'en éliminer trois autres quelques semaines après. C'est dire que cet axe “libéré” facilite d'une manière déconcertante les mouvements des terroristes. La présence répétitive et signalée des terroristes depuis quelques mois dans ce périmètre bien précis — un périmètre moins “surveillé” depuis le déclin du GIA en 1994 — et celui d'Aguelmime Aberkane, dans la forêt d'Akfadou, laisse penser, selon les observateurs de la scène sécuritaire, que les terroristes planifiaient un attentat terroriste retentissant contre une entreprise étrangère en charge du projet de la ligne haute tension de l'électricité de Sonelgaz. Une analyse qui tient la route du fait que c'est la trajectoire qu'emprunte le projet de ladite ligne électrique de haute tension. Il traverse la forêt dense d'Akfadou. Mais ce repli des acolytes de Droudkel dans la région, s'il n'est pas lui-même un refuge dans les maquis de la région comme le soupçonnent certains observateurs, obéit aussi à une stratégie qui est celle de desserrer l'étau de l'armée sur ses éléments traqués au cours des opérations de ratissage dans les maquis des wilayas de Tizi Ouzou et de Boumerdès. La région de Béni K'sila, quant à elle, demeure pour le moment calme, mais un calme qui peut s'avérer trompeur, compte tenu de ce qui s'était déjà produit par le passé. Les cantonnements militaires des communes de Béni K'sila, Adekar et Taourirt-Ighil redoublent de vigilance du fait que toute opération de ratissage en cette période est délicate en raison de la saison de la cueillette des olives. “Avec la présence des familles dans leurs oliveraies, il est difficile pour les militaires de savoir qui est qui”, nous déclare un Patriote de la région. Et c'est justement de cette conjoncture de “confusion” que les groupes terroristes tentent de tirer profit. L. OUBIRA