Pour une première, c'en est une, véritablement : le comité de village d'Ikhelouiène adopte une démarche nouvelle dans son action. Sa structure charpentée en commissions constitue un véritable exécutif aux missions bien définies. Depuis sa constitution, la commission sociale du comité en question a tracé un plan d'action digne des grandes organisations humanitaires. Dans ce plan, le comité procède d'abord au recensement des familles démunies du village et leurs enfants scolarisés en vue de leur assurer ensuite des dons en denrées alimentaires, des effets vestimentaires ainsi que des fournitures scolaires. Pour les enfants ayant atteint l'âge de la circoncision, la commission sociale du comité prévoit d'inscrire les enfants à circoncire pour organiser la cérémonie chaque année à l'occasion du 27e jour du Ramadhan. Dans son programme qui s'étend sur le long de l'année, le comité a signé une convention avec l'Office national d'alphabétisation et d'éducation des adultes (Onaea) de Tizi Ouzou aux fins de créer une classe pour lancer des cours d'alphabétisation au village. Le 1er novembre de chaque année, les citoyens d'Ikhelouiène, sous la diligence de leur comité et sa commission sociale, organisent une grande lewziaâ ou timechret (sacrifice de bœufs) pour célébrer l'avènement des premières pluies de l'année, synonyme de fertilité dans la mémoire agraire. La viande sera répartie, dans une totale équité, sur les familles par un système égalitaire dit “tisghar”. Ce système consiste à rassembler autant de brindilles de bois, d'herbe, ou autres bouts de papier que de lots de viande, appelés “tikhamin” en rapport avec le nombre de familles. Une personne (généralement un enfant ou un adolescent), ignorant à quelle famille s'identifie chaque brindille ou le bout de papier, est désignée pour poser ces bouts. Cette année, timechret a connu un cachet particulier grâce à l'introduction d'un nouveau mode de fonctionnement qui permet de faire payer la viande uniquement par l'argent de donateurs bienfaiteurs. Récemment, il a été distribué des couffins aux familles nécessiteuses. Des dossiers administratifs ont été constitués par ces mêmes familles dans l'objectif de tenir un secrétariat de gestion qui incombe à la commission sociale du comité. Cela permettra également une transparence dans la gestion des dons reçus par le comité. Un exemple de démocratie villageoise. La démarche du comité, qui s'investit corps et âme dans l'action humanitaire, vise à réhabiliter l'esprit de solidarité qui avait fait la fierté du village dans les temps mémoriaux. Une démarche à laquelle adhèrent entièrement les citoyens. Ces deniers se disent prêts à apporter leur contribution, aussi modeste soit-elle, dans l'amélioration du cadre de vie et, par ricochet, de l'image de marque du village, qui ambitionne d'être un faubourg de banlieue. Et ce n'est pas impossible… Yahia Arkat