L'OUA est morte, vive l'UA. A Durban, l'Afrique entame un nouveau chapitre de son histoire. L'Afrique vient de clore à Durban un chapitre important de son parcours historique pour en ouvrir un autre, sans doute encore plus significatif et susceptible de sortir enfin le continent de son sous-développement. En adoptant, hier, les règlements intérieurs des quatre organes clés de l'Union africaine, les chefs d'Etat et de gouvernement africains ont fait faire un saut qualitatif considérable à l'Afrique. C'est ainsi que la Conférence africaine, qui remplace le Sommet des Etats africains, le Conseil exécutif, qui prend la place du Conseil des ministres, la Commission africaine, en lieu et place du secrétariat général, et le Comité des représentants, organisme nouvellement créé, ont été entérinés, lundi lors de la réunion à huis clos, par les chefs d'Etat et de gouvernement africains. L'Union africaine, dont le chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki, en est le premier président, a été ainsi officiellement consacrée hier. Cette décision africaine est significative dans la mesure où l'UA, contrairement à l'OUA, sera dotée de tous les moyens à même de lui permettre de jouer efficacement son rôle. Et c'est sans doute le fait que les Etats africains sont appelés à se délester d'une partie de leurs prérogatives au profit de l'UA qui fera la différence, par rapport à l'OUA, et positionne l'Union africaine comme un organe autrement en phase avec les missions qui vont lui être imparties. Composée des chefs d'Etat et de gouvernement africains, la Conférence, organe suprême de l'UA, est dotée de compétences très larges aussi bien en matière de fonctionnement que de mise en oeuvre des politiques de l'Union. Elle se réunit une fois par an. Le Conseil exécutif, nouveau nom du Conseil des ministres dont l'action sera élargie, aura essentiellement pour mission de conduire les politiques de coopération avec les partenaires de l'Afrique. Mais, en réalité, la grande innovation est la création de la Commission africaine qui préfigure un vrai gouvernement africain, que les participants de Durban n'hésitent pas à qualifier de «véritable exécutif africain». En fait, c'en est un dans la mesure où cet organe est doté d'un président, d'un vice-président et de huit commissaires (composition et nombre de commissaires susceptibles d'être revus ou améliorés, selon les besoins édictés par la Conférence). Ces huit commissaires seront répartis entre les postes «Paix et sécurité», «Affaires politiques», «Infrastructures et énergie», «Ressources humaines, science et technologie», «Commerce et industrie», «Economie et agriculture» enfin «Affaires économiques». La Commission, aura un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Le troisième organe le «Comité des représentants» est un organe consultatif lequel est supervisé par la Conférence africaine dans une première phase et ce, dans l'attente de la mise en place du Parlement africain qui jouera alors le rôle de contrôle des organes exécutifs africains. La dernière structure clé de l'UA est incontestablement le «Comité paix et sécurité» une sorte de Conseil de sécurité pour l'Afrique qui sera composé de 15 membres dont 10 auront un mandat de deux ans, les 5 autres pour trois ans, permettant le renouvellement par roulement de ses membres tous les deux ans. Le schéma de l'UA, - cela en attendant la mise en place des autres structures comme le Parlement, la Cour de justice, le Conseil social et économique, notamment -, tel qu'il a été présenté à Durban augure de beaux jours pour l'Afrique, pour peu qu'il y ait le suivi qu'une telle entreprise nécessite. Car, cela demandera à tout le moins une homogénéisation des politiques africaines singulièrement dans l'économique, le social et le politique (bonne gouvernance, droits de l'Homme, liberté d'expression, industrialisation, marchés entre autres) pour accompagner la mue que le continent a mise en branle. C'est seulement à ce moment que nous pourrons constater le sérieux des Africains à construire une Afrique forte et à dépasser, une fois pour toutes, les stériles querelles de clocher.