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“Si l'Etat ne nous aide pas, nous ne pourrons plus exister !” M. Bessaïeh, directeur du centre de traitement des déchets (Trecyplast) de Rouiba, à liberté
Pionnière dans le domaine du recyclage, créneau qui fait encore défaut en Algérie, le Centre de traitement des déchets de Rouiba connaît un état de vétusté avancé qui empêche le bon fonctionnement de la “chaîne de recyclage” l'une des rares sinon la seule à être spécialisée dans la sacherie. Son principal responsable, M. Bessaïeh, interpelle une énième fois les pouvoirs publics et nous dit combien il serait dommage que le Centre ferme ses portes. Liberté : Il y a 20 ans, vous étiez les précurseurs dans le traitement des déchets en matière plastique, aujourd'hui, vous êtes quasiment la seule entreprise à traiter la sacherie ? M. Bessaieh : Aujourd'hui, notre atelier est dans un état lamentable et nos machines arrivent en fin de vie. Nous avons de plus un gros problème d'infiltration d'eau par la toiture. Néanmoins, nous recyclons en effet les déchets depuis dix-neuf années précisément. À l'époque, nous fonctionnions mieux, il n'y avait pas la concurrence et de plus, la quantité de déchets était nettement inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui. Il y a une dizaine d'années, nous avons revu la vocation économique de l'entreprise et nous nous sommes axés davantage sur l'environnement. J'ai, en premier lieu, commencé par réduire les effectifs. Les choses ont commencé à se compliquer quand la machine a commencé à montrer les premiers signes de vétusté. D'abord, il fallait acheter les déchets pour au moins assurer le salaire des employés. Par ailleurs, j'ai essayé de faire participer les privés. Je les encourageais à faire la récupération et le tri des déchets. À partir du moment où ces derniers avaient investi de l'argent, il fallait qu'ils en gagnent ! Dès lors, ils ne prenaient que ce qui les intéressait, c'est-à-dire le film agricole. La sacherie ne trouvait en contrepartie pas preneur alors qu'elle constitue le principal problème chez nous. La récupération est alors devenue un véritable commerce. Le kilogramme de film agricole coûte aujourd'hui jusqu'à 30 DA. La sacherie, on la laisse dans la nature. Pour l'avoir, il faut la récupérer là où elle est, sur les arbres,…et cela demande bien entendu de la main-d'œuvre. Pour solutionner ce problème, nous avons pensé et proposé la création de micro-entreprises spécialisées dans la récupération. à condition bien sûr que l'état leur en donne les moyens. Imaginez si dans chaque commune, il est recruté au minimum six personnes. Vous imaginez le nombre d'emplois créés pour un minimum de moyens, c'est-à-dire un camion à benne. En contrepartie, il ne faudrait pas qu'il n'y ait qu'une seule entreprise pour traiter les déchets ! Aujourd'hui nous sommes, en effet, les seuls. Les privés ne traitent pas la sacherie. Comment faites-vous pour sa récupération ? Et quelle quantité de déchets traitez-vous ? Je récupère le minimum du fait que notre chaîne de régénération est arrivée à saturation. Je tiens, en outre, à rappeler qu'en près de vingt ans d'existence, j'ai formé des “récupérateurs”. Au début, nous nous limitions au traitement des déchets au niveau de notre entreprise qui est l'ENPC (Entreprise nationale de plastique et caoutchouc). Comme la quantité de déchets était faible, nous avons élargi le recyclage et pour ce faire, nous avons travaillé en collaboration avec des récupérateurs professionnels qui récupéraient le carton, le papier, etc. Ces derniers nous avaient à l'époque proposé de récupérer également le plastique. Il faut savoir qu'il y a beaucoup d'argent à gagner. C'est un créneau porteur. Certains plastiques atteignent de nos jours 60 DA le kilogramme. Savez-vous, par ailleurs, qu'en Algérie les déchets s'élèvent entre 100 000 et 130 000 tonnes par an. Dans notre centre, nous traitions à peine 7 000 à 8 000 tonnes, ce qui représente un taux très faible. Il faudrait l'équivalent de 20 machines, comme celle que nous avons, de régénération de déchets, pour combler le déficit. Nous avions jusque-là contribué à l'amortissement des devises en produisant de la matière première de qualité. Il ne nous sera désormais plus possible de le faire. J'attends de l'aide depuis sept années. Je n'ai rien vu venir. Si l'Etat ne nous aide pas, nous ne pourrons plus exister ! Il serait vraiment dommage de perdre ce savoir-faire acquis tout au long de ces années. Pourquoi à travers le monde s'intéresse-t-on si peu au recyclage des matières plastiques, on parle d'à peine 5% ? Dans le monde, je ne sais pas. Ce que je peux dire par contre c'est qu'en Algérie, nous faisons de la sélection des déchets, on prend le bon, on laisse le mauvais. Dans mon cas, la priorité va pour l'environnement. Actuellement, par exemple, nous traitons la pochette de lait qui est un véritable nid à microbes. Le problème des déchets plastiques toutes matières confondues est un problème crucial en Algérie et j'ai demandé à avoir une machine performante qui traite 7 à 8 plastiques différents et pas uniquement la sacherie. Cela existe. Que faites-vous de la matière recyclée ? Je la revends à deux clients. L'un fabrique les tuyaux d'irrigation, l'autre des semelles. Parce que j'estime ne pas avoir le droit moral de la vendre à n'importe qui… N. R.