Ces fêtes qui se succèdent témoignent de la diversité et de la richesse du patrimoine culturel national. Les Algériens, qui ont célébré, hier, dans les conditions que l'on connaît le début de l'année hégirienne, s'apprêtent à célébrer dans les jours à venir deux autres fêtes de fin d'année. En tout et pour tout, le calendrier leur impose de passer trois réveillons en l'espace seulement de 13 jours. Il s'agit bien évidemment de la fête de l'An hégirien, 1er Mouharam 1430, du premier jour du calendrier grégorien ou universel, 1er Janvier 2009 et du premier Yennayer 2959 (amenzu n yennayer pour les Amazighs) douzième jour du mois de janvir du calendrier julien (berbère). Toutes ces fêtes, quoique différemment, sont célébrées dans les quatre coins du pays. Cela témoigne, on ne peut mieux, de la diversité et de la richesse culturelles dont jouit l'Algérie. Une diversité très mal appréciée au niveau officiel, que les citoyens assument et célèbrent non pas de la même manière mais dans la même expression, c'est-à-dire la célébration d'une fête de fin d'année. Les Algériens, qui se reconnaissent dans toutes ces fêtes, savent bien que cette richesse du patrimoine national culturel est une constituante de l'identité même de la nation. Si la célébration de Mouharam s'inscrit dans la liste des fêtes religieuses et partagée avec le reste des pays musulmans du monde, a été quelque peu faussée par le massacre israélien en Palestine, il n'en demeure pas moins que les foyers algériens l'ont célébrée chacun à sa manière et chez-eux. Intensification de la lecture et de la récitation du Coran, veillées religieuses et prières collectives sont entre autres les activités émaillant cet événement. Aussi, des plats traditionnels, variant selon les régions, sont préparés pour marquer cette fête religieuse. De la rachta algéroise à la chekhchoukha constantinoise passant par le couscous kabyle, les Algériens ont célébré cette fête. Les fonctionnaires des institutions publiques sont, eux, gratifiés d'une journée chômée et payée. Pour la Saint Sylvestre, le réveillon est célébré avec plus de consistance et de circonstance. «Ostentatoirement» fêté, les Algériens l'accueillent avec un semblant de modernisme voire même parfois d'orgueil. A son approche, même les grandes villes du pays observent une animation qui n'a rien avoir avec le reste de l'année. Une tournée dans la rue Didouche Mourad à Alger, au cours de ces derniers jours, nous renseigne sur cette réalité. Etant universel, les plus nantis des Algériens préfèrent le passer sous d'autres cieux, de préférence à Paris. Pour ceux qui veulent le fêter ici, la plupart des hôtels annoncent aux intéressés des soirées animées avec dîner gastronomique. Et ce ne sont pas les formules qui manquent. Ambiance familiale mesurée pour les plus érudits, ou ambiance carnaval de type non-stop jusqu'à l'aube pour les inconditionnels fêtards. Tout dépend de ce qu'on veut mais aussi de ce qu'on peut débourser. Certains établissements hôteliers n'hésitent pas à faire appel aux stars orientales et aux chanteurs nationaux de renommée. La bûche est évidemment indispensable au décor. Un menu spécial pour une fête spéciale, doit-on dire. Il faut juste y mettre le prix. Dans les villages, c'est une autre tradition qui tend à s'installer. Au petit réveillon, tout le monde ou presque, en solo ou en groupe, s'enivre et se débarrasse d'une angoisse qui aura duré 365 jours. Douze jours plus tard, les Algériens auront à célébrer le 1er Yennayer 2959 du calendrier berbère. Fête autochtone, non inscrite dans le calendrier des fêtes nationales, elle garde intacte sa signification. Conçu pour la division des saisons et pour des besoins purement agraires au lendemain de la prise de l'Egypte par les Berbères il y a 2959 ans, le calendrier Berbère est pris pour référence dans plusieurs régions berbérophones. En Algérie, Yennayer est célébré pratiquement à travers tout le territoire national. De la Kabylie à Tamanrasset, de Tlemcen à Oran, chaque région le marque à sa manière. En Kabylie, c'est un couscous spécial qui est préparé avec le sacrifice d'un coq et les parents procèdent également à coiffer leurs enfants pour la première fois. D'autres activités, comme les séminaires et les journées d'études, sont concoctées pour l'occasion. Cela étant, les Berbères qui célèbrent avec la même rigueur les fêtes de fin d'années universelle et musulmane aspirent à ce que Yennayer soit célébré de même par toutes les communautés. Ils demandent surtout à ce qu'elle soit reconnue comme étant fête nationale au même titre que Moharam et le 1er janvier.