Prévisible, mais quelque peu tardive, la réaction officielle d'Alger, par rapport au devenir de l'Union pour la Méditerranée (UPM), vient confirmer le sentiment de malaise ayant déjà précédé la naissance de ce nouvel ensemble régional que d'aucuns qualifiaient de “mort-né”. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger la dernière décision prise lors de la rencontre entre les chefs de la diplomatie de l'UPM, tenue en novembre dernier à Marseille. Pour lui, ces décisions sont “extravagantes”. Dans une déclaration à la radio algérienne, Mourad Medelci a déclaré : “nous sommes sortis avec de nouvelles ambitions à Marseille qui nous ont parues extravagantes. Au lieu d'un secrétariat léger et technique tel que décidé au sommet de Paris, on s'est retrouvé avec un secrétariat composé de sept secrétaires généraux adjoints.” Plus explicite, le ministre des affaires étrangères a indiqué que les rôles ont été “généreusement répartis”, relevant qu'“au lieu d'un secrétariat technique et compte tenu du choix des pays, on s'est retrouvé avec un secrétariat politique”. Pour M. Medelci, la sentence est claire et nette : “la démarche de Marseille est en contradiction avec la déclaration de Paris.” Cette dernière, pour rappel, prévoyait la mise en place effective, dès le 1er janvier 2009, du secrétariat. Or, force est de constater que ce secrétariat ne sera pas opérationnel de sitôt, du fait que cet organisme n'est toujours pas encore désigné. M. Medelci saisira cette occasion pour rappeler que “l'Algérie n'est pas candidate à ce poste”. Une façon bien diplomatique de rejeter la balle aux autres pays membres de l'UPM qui se livrent une bataille en sourdine pour abriter le siège du secrétariat de cet ensemble régional. Une façon, aussi, de dire que rien n'a été réglé depuis le sommet constitutif de Paris et que tout reste flou. Même si un consensus s'était dégagé pour l'installation du siège de l'UPM à Barcelone et l'intégration “concomitante” de la Ligue arabe et d'Israël en tant que secrétaires adjoints, il n'en demeure pas moins que la situation reste marquée par un attentisme qui ne s'explique que par l'absence de clarté dans la démarche même de cet ensemble régional. Les déceptions officielles d'Alger, ainsi exprimées par son chef de la diplomatie, renseignent sur le malaise qui règne au sein de l'UPM, du fait du flou qui entoure son architecture et des objectifs avoués, ou cachés, de ses initiateurs. Alger, qui avait longtemps hésité, avant de donner son accord pour prendre part au sommet constitutif, se voit, quelque peu, conforté dans ses réserves. Même si l'adhésion à cet ensemble relevait du bon sens, dans la mesure où l'on ne peut pas aller à contre-courant d'un mouvement d'ensemble, il reste que le projet, défendu bec et ongles, par le président français, Nicolas Sarkozy, alors fraîchement installé au palais de l'Elysée, a été complètement vidé de sa substance, par la chancelière allemande, Angela Merkel, au nom du réalisme européen, pour être finalement noyé dans un simple cadre de rencontres permettant à Israël d'avoir une tribune directe avec les pays arabes, sans devoir passer par la normalisation diplomatique. Car, sur le plan des actes concrets, les rares projets retenus lors du lancement de l'UPM restent bien timides au regard des défis qui attendent la région et des potentialités de coopération économique. Sur le plan politique, l'agression actuelle perpétrée par l'armée israélienne contre la population de Gaza est gérée un peu partout dans le monde, sauf au sein de l'UPM qui brille par son absence. Azzeddine Bensouiah