Il a eu à évoluer dans plusieurs points chauds : l'Irak, mais aussi le Sud Liban. Aujourd'hui, il se retrouve, en compagnie d'un autre confrère à lui, parmi les rares médecins à avoir pu accéder à la bande de Gaza. Mohamed Khouidmi et Al-Khalili, sont les deux seuls médecins algériens qui ont pu gagner cette région meurtrie, soumise à un bombardement sans commune mesure, depuis plus d'une vingtaine de jours. “J'ai connu la guerre au Sud Liban et en Irak, mais je n'ai pas encore vu une telle situation. Rien n'a été épargné par les israéliens, ils bombardent tout : les écoles, les enfants, les femmes, les hôpitaux...”, témoigne-t-il. Ce médecin, qui dirige, depuis qu'il est entré à Gaza, le service d'urgence de l'hôpital Al-Shifa, a constaté même sur certains blessés des “lésions étranges”, selon son témoignage à Liberté qui l'a joint par téléphone : “J'ai eu par exemple à relever, notamment sur les personnes décédées examinées à la morgue, que lorsqu'on ouvre une lésion une réaction chimique se produit au contact de l'oxygène. Au niveau du bloc opératoire, nous avons également constaté des lésions étranges sur certains blessés.” Un constat qui ne pouvait laisser de marbre ces adeptes du serment d'Hippocrate face au silence hypocrite des pays arabes et des soutiens de l'Etat hébreu. Des investigations ont été menées et un dossier, qui sera envoyé aux nations unies et au comité international de la croix-rouge a été ficelé, dit-il. “Nous avons pris le temps nécessaire pour faire des investigations et nous avons organisé une conférence de presse pour saisir la croix-rouge et l'ONU pour qu'elle dépêche une commission d'enquête.” Et si l'enquête venait à être diligentée dans les normes, nul doute donc que ce dossier risque d'éclabousser Israël, déjà au banc des accusés avec les pertes humaines incommensurables estimées à plus de 1 200 morts et plus de 5 000 blessés et dont la majorité est constituée de civils. Le Dr Khouidmi qui dit travailler 24 heures sur 24 et ne se nourrir que de riz et de confiture, raconte que les conditions sanitaires sont difficiles. “On manque de beaucoup de produits et l'hôpital déborde : conçu pour 400 patients, on se retrouve avec plus de mille blessés”. Mais une bonne nouvelle cependant : le calme revient progressivement, dit-il. D'ailleurs, il ne tardera pas à regagner le pays, même si l'entrée à Gaza, le 9 janvier dernier, fut un véritable chemin de croix. “Nous sommes entrés à minuit après d'âpres négociations avec les égyptiens, l'armée israélienne, la croix-rouge et le croissant-rouge palestinien.” Karim Kebir