Ses origines africaines et la religion de son père ne suffiront pas à faire table rase des choix stratégiques des Etats-Unis, encore moins à défaire les alliances qui constituent le soubassement même de ces choix. C'est aujourd'hui que Barack Obama va prendre son fauteuil dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche. Il va succéder ainsi à George W. Bush, un nom que l'Histoire retiendra, sans doute, comme celui du président américain qui aura le plus déçu de par le monde. Ce passage de témoin entre deux hommes que tout sépare apparemment intervient alors que le monde vient d'assister à une escalade meurtrière au Moyen-Orient. Escalade que les habitants de Gaza, les enfants y compris, ont payé de leur sang, sans que les plus grandes puissances de la planète, Washington encore moins, n'aient pu peser pour en atténuer l'ampleur. C'est dire que Barack Obama arrive aux commandes de son pays à un moment où le monde observe plus que jamais cette Amérique intimement liée à la crise du Moyen-Orient, une région cycliquement embrasée où les ingrédients de cataclysmes et drames humanitaires à venir restent constamment réunis. Si jusqu'ici la politique extérieure des Etats-Unis ne fluctuait pas sensiblement au gré des alternances entre républicains et démocrates, certains ne désespèrent pas de voir en ce président de couleur, qui fait irruption à la Maison-Blanche, l'homme de la rupture. Certes, il ne reconduira pas la radicalité et la rigidité affichées par la paire Bush-Rice. Il est d'ailleurs significatif qu'il ait choisi de se rendre à Washington en train, mimant ainsi Abraham Lincoln qui a aboli l'esclavage. Mais ses origines africaines et la religion de son père ne suffiront pas à faire table rase des choix stratégiques des Etats-Unis, encore moins à défaire les alliances qui constituent le soubassement même de ces choix. Obama ne sera sans doute pas un “va-t-en guerre” à l'égal de son prédécesseur, mais ces stratégies et ces alliances étant par excellence les invariants US, Israël pourra toujours compter sur l'amitié de l'Amérique, une amitié que ses lobbies sauront entretenir. Il est vrai que le monde arabe aussi peut globalement se targuer de ses relations d'amitié avec la première puissance du monde. Mais celle-ci aura encore beau jeu à se placer en tuteur et à invoquer le préalable de la démocratisation des régimes de la région. Un préalable non dénué d'hypocrisie, côté américain, et par trop encombrant, côté arabe. S. C.